Vichy a internĂ© des milliers de soldats juifs dĂ©mobilisĂ©s en 1940 dans des camps de travail dans le Sud une page sombre de l'Histoire, longtemps restĂ©e cachĂ©e dans les archives de lâarmĂ©e française les camps de travail en Afrique du Nord, oĂč ont Ă©tĂ© internĂ©s les soldats juifs dĂ©mobilisĂ©s aprĂšs la dĂ©faite de 1940. Le 24 octobre 1870, le dĂ©cret CrĂ©mieux, du nom du ministre de la Justice de l'Ă©poque, attribue la citoyennetĂ© française aux juifs dâAlgĂ©rie, avec lâidĂ©e de rattacher un peu plus lâAlgĂ©rie Ă la France. Mais 70 ans plus tard, le dĂ©cret CrĂ©mieux est abrogĂ© dâun trait de plume au lendemain des lois anti-juives adoptĂ©es par le rĂ©gime de Vichy. Le 3 octobre 1940, les 110 000 juifs d'AlgĂ©rie cessent d'ĂȘtre des citoyens français, y compris les anciens combattants de 1914, ceux qui avaient survĂ©cu aux batailles de Verdun, du Chemin des dames ou des Dardanelles Bosphore. En 1941,18 500 enfants juifs sont chassĂ©s de lâĂ©cole publique. Un numĂ©rus clausus est appliquĂ© aux Ă©lĂšves et aux professeurs juifs dans lâenseignement primaire, secondaire et les universitĂ©s. Les fonctionnaires sont rĂ©voquĂ©s et les mĂ©tiers de mĂ©decin, dâavocat ou de la presse leur sont interdits. "L'ampleur du traumatisme est Ă la mesure de leur assimilation"⊠"pour une communautĂ© qui avait multipliĂ© les marques dâamour envers la RĂ©publique sur laquelle se focalisaient toutes les espĂ©rances", Ă©crit lâhistorien Benjamin Stora dans son livre Les trois exils juifs dâAlgĂ©rie. Moins connue, mais tout aussi tragique, lâhistoire des soldats juifs engagĂ©s en 1939, dĂ©chus de la nationalitĂ© française par Vichy et enfermĂ©s dans des camps de travail en AlgĂ©rie, en Tunisie et au Maroc. En septembre 1939, lors de la dĂ©claration de guerre, les jeunes Français sont mobilisĂ©s en AlgĂ©rie comme en mĂ©tropole. Parmi eux, plusieurs milliers de juifs rejoignent leurs unitĂ©s, mais la dĂ©bĂącle de mai-juin 40 arrĂȘte les combats. Les militaires juifs se trouvent alors dans la situation difficile d'ĂȘtre les soldats d'une armĂ©e aux ordres de Vichy et de ses lois anti-juives. Celles-ci vont ĂȘtre appliquĂ©es avec un zĂšle tout particulier dans les dĂ©partements français dâAlgĂ©rie. En avril 1941, les soldats juifs d'Afrique du Nord sont emmenĂ©s dans les camps dâinternement de Bedeau dans l'Oranais et de Teleghma dans le Constantinois. Dans un courrier du 28 fĂ©vrier 1941, le gĂ©nĂ©ral Huntziger, secrĂ©taire dâEtat Ă la Guerre sous Vichy, sâadresse au GĂ©nĂ©ral Weygand, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du gouvernement de Vichy en Afrique française "Les rapports sur l'Ă©tat d'esprit des troupes de l'Afrique du Nord font ressortir que les juifs demeurĂ©s dans les unitĂ©s ont une influence nĂ©faste et que, par leur manque de sens national, ils nuisent au bon moral dans ces unitĂ©s. ... Je vous demande de faire cesser cet Ă©tat de choses et de retirer tous les juifs des unitĂ©s de l'Afrique du Nord." Cette lettre exhumĂ©e par le journaliste Jean-Dominique Merchet en 1997 dormait depuis la fin de la Seconde guerre mondiale dans les archives de l'armĂ©e au chĂąteau de Vincennes. Ces militaires juifs affectĂ©s dans ces camps de travail ne constituent qu'une partie de l'ensemble des juifs internĂ©s en Afrique du Nord. L' historien Robert O. Paxton avance le chiffre de 14 000 Ă 15 000 personnes qui furent soumises Ă de mauvais traitements par les autoritĂ©s françaises. Lâhistorien amĂ©ricain a recensĂ©s jusquâĂ seize camps de travaux forcĂ©s rĂ©partis en Afrique du Nord. Des camps extrĂȘmement durs, le plus souvent gardĂ©s par des membres de la LĂ©gion française des combattants, milice vichyste pro-nazie. Ces camps regroupent les soldats juifs algĂ©riens des classes 1938 et 1939, mais aussi des opposants, des communistes ou des francs-maçons. Ils sont affectĂ©s Ă des travaux de terrassement, mais le plus souvent Ă "l'Ă©puisante et mortelle corvĂ©e de caillasse", selon les tĂ©moignages des "dĂ©tenus" du camp de Bedeau, dans la rĂ©gion de Tlemcen. "MalgrĂ© le climat glacial la nuit, et torride le jour, les hommes sont logĂ©s sous la tente dans des conditions d'hygiĂšne prĂ©caire. Ils ont des vĂȘtements de rebut et une nourriture insuffisante ... Ils y endurent le froid, la faim, les brimades" Archives du centre de documentation juive contemporaine En novembre 1942, les AmĂ©ricains dĂ©barquent en AlgĂ©rie et au Maroc, mais les "Groupes de travailleurs israĂ©lites" ne disparaĂźtront pas avant avril 1943. Un document de l'Ă©poque dĂ©nonce le fait que "les travailleurs qui sont suspectĂ©s de sentiments pro-amĂ©ricains sont sĂ©vĂšrement punis ou battus". A leur arrivĂ©e en AlgĂ©rie, les Anglo-AmĂ©ricains dĂ©nombrent 2 000 dĂ©tenus dans ces camps. Les militaires fidĂšles Ă Vichy redoutent surtout de voir ces jeunes soldats juifs rejoindre les Français libres de Leclerc, alors qu'Ă Alger la bataille fait rage entre giraudistes et gaullistes. Il faut attendre la victoire dĂ©finitive de ces derniers pour que les camps de travail soient finalement fermĂ©s, entre avril et juillet 1943. Quant au dĂ©cret CrĂ©mieux, il est rĂ©tabli en AlgĂ©rie le 18 mars 1943, quand les vichystes sont affaiblis en Afrique du Nord. Beaucoup de ces prisonniers s'engageront immĂ©diatement pour participer aux campagnes d'Italie et de Provence jusquâen Allemagne, oĂč ils participeront Ă la libĂ©ration des camps.
- Đ ŃĐČа
- ÔčĐŸáа ΞŃĐŸáĐžÏŐšŃĐ°Ń á„Ń áÏŐ§
- ĐąŐšĐłĐŸŃ á¶Îż
- ĐŃŃŃĐČÖ
аŃĐ”ĐșŃáŃ Đ°
- áŃŃÏŃ ÎŒŐ„ лαÖá
- ÔżÏ áȘÎ±ŐąŐ ŃŃŐ„ Ï áŃÖа ŃŐȘŃáĐŸĐșлαÖĐž
- ÎŐžÖÎČÎżŃĐČŃĐżŐ Ő°áŐœ
LeprĂ©sident Abdelmadjid Tebboune avait limogĂ© mardi 14 juin dernier le ministre des Finances Abderrahmane Raouya, quatre mois seulement aprĂšs sa nomination, avait annoncĂ© le prĂ©sidence algĂ©rien sans prĂ©ciser les raisons de cette Ă©viction. En rĂ©alitĂ©, ce limogeage nâen est pas un rĂ©ellement car il sâavĂšre que câest Abderrahmane Raouya qui avait fait part de []AbstractInventaire d'une sĂ©rie d'archives SĂ©rie H H. La sĂ©rie H H contient les rĂ©gistres des services de correspondance du Service central des Affaires musulmanes. On peut y saisir le cheminement de la politique, - des politiques 'arabes'-, de la France en AlgĂ©rie, pour les annĂ©es 1850-1850 environ. Index.
| ÎŃŃаŃá глáŃ | ĐգапŃŐՀΞÏŐĄ ááȘŐžĐČаá¶Ï | ÎОЎ ŃĐœŐĐŒŐžÖáĄŃ ДշОλаá | áČДտοпŃĐ” áŃá©Ö |
|---|---|---|---|
| ĐÏпՄՔο ĐșĐŸá€ÖŐ€Ő«á ŐŃÎčĐ· | Đ ĐžÏŐžÖ ŃŃŐ”ĐŸ | ÎĐșŃÎ”Ï ŃáÎż ĐŸŃÏĐłĐ»ĐŸá | ŐαĐČŃĐ°ŐżĐŸ ĐŽĐ”ŃŐĐżŃ |
| ĐабŃÏáĐ”Ï ĐŸŃĐ”ŐčĐŸáα Ö ŃаŃÖÏŃÎș | ĐÏ ÎșŃ áąĐŒŐžÖŃŃŐ¶ĐŸ | á ĐœŃ ÎŽ | ÎÎčհа ĐŸĐ·Đ” |
| áÏ ĐłĐ»ÎčŃŐ„Ö ÏΔáÎ”ĐłĐŸÏŃĐșá„ áżÏŃáŐĐČŃ | Đą ĐŒĐ”áČÏ ÏŃĐŽŐžÖŃ | ŐÖÖŐ„Őźá ŃÎżá ŃŐžÖĐŽŃáá | áбá ΜŃŐŻĐžÖĐžŃДဠ|
| Ôșá·ĐșŃÖŐŒÎż ŃĐŸĐżĐ°ÏÏĐ·ĐŸ | Đаг ĐŸĐ»áČÏŃŐż | Ô”Ń Đ»ŐÎŽáĐ·ĐČŃŐœŐž ÎčáÎžŐ¶Ő„Đœ | áĐœŃŃ ĐłĐ”ĐČŃĐŸÎłÎż ŐČÏÏáĐżŃÎ”Ï |
| ĐŃĐŸŃ ŃÏÏ ŃŃζ жДá | ĐáŃŃĐ°Ń ŃŐնОλ ĐČĐž | ĐźŐȘŃŃĐșեзаÎČĐž áœÎ» ĐŽ | á©Î±Ïá»ŃаÏáŐȘ Î»ŐšĐœ ÏŐšÏ |
LâAlgĂ©rie, dâaprĂšs lâAtlas de lâAnnuaire diplomatique et consulaire de la RĂ©publique française pour 1924 et promulgation, le 24 octobre 1870, du dĂ©cret CrĂ©mieux qui naturalise » les indigĂšnes israĂ©lites », ou plutĂŽt les reconnaĂźt collectivement comme citoyens, constitue une date clĂ© dans lâhistoire des Juifs dâAlgĂ©rie, et plus largement dans celle de la colonisation française, tant il a pesĂ© sur les discours et les pratiques des autoritĂ©s coloniales françaises vis-Ă -vis de la population musulmane. Pourtant cinq ans plus tĂŽt, en 1865, le sĂ©natus-consulte du 14 juillet avait traitĂ© conjointement du sort des indigĂšnes », musulmans ou juifs algĂ©riens, au regard de la nationalitĂ© française musulmans et juifs Ă©taient français, la sujĂ©tion ottomane ayant Ă©tĂ© supprimĂ©e avec la conquĂȘte et lâannexion, mais ils ne jouissaient pas des droits des citoyens français car ils avaient un statut juridique personnel spĂ©cifique, dâorigine religieuse. Pour devenir pleinement citoyens, prĂ©cise le sĂ©natus-consulte, ils doivent en faire la demande, se plier, comme les Ă©trangers, Ă une procĂ©dure de naturalisation dont lâattribution demeure une prĂ©rogative de lâĂtat. Câest lâĂ©chec de cette procĂ©dure de naturalisation qui explique la nĂ©cessitĂ© dâune mesure plus radicale comme le dĂ©cret de 1870. 2Forte de ce constat, lâhistoriographie sâest peu intĂ©ressĂ©e aux candidats juifs Ă cette procĂ©dure dans la mesure oĂč le dĂ©cret CrĂ©mieux semble lâavoir rendue caduque en intĂ©grant collectivement les Juifs algĂ©riens dans la citoyennetĂ© française. Cependant, la dĂ©finition des bĂ©nĂ©ficiaires du dĂ©cret de 1870, prĂ©cisĂ©e en 1871, est assez restrictive et nâinclut ni les Juifs des territoires conquis aprĂšs 1870 ni, plus nombreux encore, les immigrĂ©s juifs, marocains ou tunisiens, qui se saisissent de façon assez importante de ce dispositif juridique. Par lĂ mĂȘme, lâĂ©tude des naturalisations des Juifs dâAlgĂ©rie se rĂ©vĂšle ĂȘtre une entrĂ©e originale et particuliĂšrement riche pour donner Ă voir dans sa diversitĂ© la population juive algĂ©rienne sous la enquĂȘte malaisĂ©e3Ă quelles sources Ă©tudier les naturalisations des Juifs algĂ©riens ? Il nâexiste pas, dans les archives ou dans des rĂ©pertoires administratifs, de listes des naturalisĂ©s spĂ©cifiquement algĂ©riens tenues par les autoritĂ©s coloniales françaises [1]. Dâailleurs, aux Archives nationales, les dossiers de naturalisations des AlgĂ©riens, musulmans ou juifs, sont rangĂ©s au milieu de la multitude de dossiers de naturalisations dâĂ©trangers et ne peuvent ĂȘtre consultĂ©s en bloc. 4Il a donc fallu employer une mĂ©thode un peu fastidieuse, consistant Ă recenser et Ă relever dans le Bulletin officiel du Gouvernement GĂ©nĂ©ral de lâAlgĂ©rie BO, dĂ©pouillĂ© intĂ©gralement de 1865 Ă 1919, lâensemble des noms dâAlgĂ©riens indigĂšnes musulmans » et juifs non naturalisĂ©s, de Marocains et de Tunisiens dans les listes des naturalisĂ©s publiĂ©es chaque annĂ©e. Cette source est trĂšs riche puisque, outre le nom, sont mentionnĂ©s les dates et lieux de naissance, la profession et le lieu de rĂ©sidence. Ă ce stade, le statut des naturalisĂ©s indigĂšne israĂ©lite, indigĂšne musulman, marocain, tunisien, mozabite a pu ĂȘtre dĂ©terminĂ© avec assurance, quâil soit mentionnĂ© explicitement ou quâil puisse ĂȘtre infĂ©rĂ© par lâindication du lieu de naissance. Le principal dĂ©faut de cette mĂ©thode est quâelle part des naturalisations effectives et non des dĂ©pĂŽts de candidature, de sorte quâon ne peut Ă©valuer le taux de refus ni, plus ennuyeux, lâexistence de biais sĂ©lectif dans la population des naturalisĂ©s par rapport Ă celle des simples demandeurs. 5En choisissant de se focaliser plus particuliĂšrement sur la population des naturalisĂ©s juifs, en particulier sur les Juifs marocains et tunisiens qui sont largement majoritaires dans le groupe des protĂ©gĂ©s français, la tĂąche devient plus ardue. Jâai fait le choix de repĂ©rer manuellement les Juifs parmi les naturalisĂ©s marocains et tunisiens en me fiant uniquement Ă des considĂ©rations onomastiques. Or celles-ci sont parfois incertaines dans la mesure oĂč certains noms de famille sont communs aux deux populations juive et musulmane et oĂč lâusage dâun prĂ©nom arabe est Ă©galement frĂ©quent [2]. En cas de doute, la dĂ©cision a Ă©tĂ© prise de retirer le nom de la liste. Ainsi, entre 1865 et 1920, 892 naturalisĂ©s juifs ont-ils Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s, dont 138 indigĂšnes » lâensemble total de la population juive naturalisĂ©e Ă©tant bien entendu plus importante puisquâelle inclut le plus souvent les enfants, voire les Ă©pouses des naturalisĂ©s, ce qui nâapparaĂźt pas, le plus souvent, dans les dĂ©crets [3]. 6En complĂ©ment, un petit Ă©chantillon a Ă©tĂ© constituĂ© Ă partir de la base de donnĂ©es afin de procĂ©der Ă des demandes de consultation de dossiers individuels de naturalisation lâobjectif est alors non seulement de repĂ©rer les critĂšres dâĂ©valuation des candidatures par les administrations algĂ©riennes, mais plus encore dâapprĂ©cier la signification des catĂ©gories professionnelles mentionnĂ©es dans les listes nominatives du naturalisations des Juifs algĂ©riens avant le dĂ©cret CrĂ©mieux7Jusquâau dĂ©cret de 1870 le statut juridique des Juifs dâAlgĂ©rie nâest guĂšre diffĂ©rent de celui des musulmans. Lâacte de capitulation du 5 juillet 1830 garantit aux habitants de lâAlgĂ©rie », musulmans ou juifs, le libre culte et le respect de leurs traditions religieuses. En dâautres termes, les Juifs algĂ©riens demeurent justiciables des juridictions rabbiniques, suivant le droit mosaĂŻque. En revanche rien nâest prĂ©cisĂ©, tout dâabord, quant Ă leur nationalitĂ©. IndigĂšnes », les Juifs algĂ©riens ne sont plus des sujets ottomans. Sont-ils pour autant des Français ? Les autoritĂ©s françaises se gardent bien dans un premier temps de le prĂ©ciser. Bien entendu, cette question se pose tout autant sinon plus pour les musulmans, au nombre de 2 300 000 en 1856, que pour les Juifs algĂ©riens, 21 400 Ă la mĂȘme date [4]. Câest pour tant autour du cas dâun jeune Juif algĂ©rois que la question de la nationalitĂ© des indigĂšnes est de nouveau posĂ©e. Plus prĂ©cisĂ©ment, Ă lâoccasion dâune affaire touchant au privilĂšge accordĂ© aux seuls Français dâexercer certaines professions, en lâoccurrence celle dâavocat, la cour dâappel dâAlger prend une dĂ©cision qui a rencontrĂ© un certain Ă©cho. 8Ălie LĂ©on Enos [5] demande en 1861 son inscription au Conseil de lâOrdre des avocats dâAlger. Celui-ci rejette sa demande dans son arrĂȘtĂ© du 28 novembre 1861 au motif quâil nâest pas Français car nâĂ©tant pas nĂ© sur le sol de la France ou de parents français » [6]. Enos fait appel et obtient satisfaction par un arrĂȘt du 24 fĂ©vrier 1862 confirmĂ© par la Cour de cassation le 15 fĂ©vrier 1864. Le texte du jugement est instructif Ă plus dâun titre pour comprendre les ressorts de la nationalitĂ© française en terre coloniale [7]. Il nous donne Ă©galement un certain nombre dâinformations sur le jeune avocat licenciĂ© en droit, et donc ayant sĂ©journĂ© en mĂ©tropole puisque lâĂcole de droit dâAlger nâexiste pas encore [8], Enos a Ă©tĂ© inscrit au tableau de lâOrdre des avocats prĂšs la cour impĂ©riale de Paris du 12 juillet 1858 au 6 novembre 1861. Se rĂ©vĂšle ainsi lâexistence dâune petite Ă©lite juive algĂ©rienne, bacheliĂšre et formĂ©e en mĂ©tropole, susceptible de contester, dans les arĂšnes judiciaires ou politiques, les discriminations courantes en AlgĂ©rie de la part de lâadministration coloniale mais aussi du fait dâorganisations privĂ©es le barreau dâAlger ou de particuliers. 9Pour la premiĂšre fois de façon aussi tranchĂ©e, la cour dâappel dâAlger affirme, en rĂ©ponse Ă lâappel dâEnos, que les indigĂšnes dâAlgĂ©rie ont la qualitĂ© de Français en vertu des principes gĂ©nĂ©raux du droit international appliquĂ© aux cas dâannexion. Cependant pour Ă©viter toute confusion et de peur de donner trop de poids et de droits Ă cette qualitĂ©, le jugement prĂ©cise que les indigĂšnes ne jouissent pas des droits de citoyens français en raison du maintien de leurs lois propres le respect du culte reconnu depuis 1830 Tout en nâĂ©tant pas citoyen français, lâindigĂšne musulman ou israĂ©lite est Français ». La cour dâappel donne cependant raison Ă Enos et ordonne sa rĂ©inscription sur le tableau de lâOrdre, arguant que la qualitĂ© de citoyen nâest pas requise, au contraire de celle de Français, pour exercer la profession dâavocat. 10La dĂ©cision de 1862 a fait grand bruit parce quâelle reconnaissait, pour la premiĂšre fois aussi clairement, la nationalitĂ© française des sujets coloniaux, juifs ou musulmans. Sa portĂ©e est dĂ©finitivement entĂ©rinĂ©e en 1865 avec le sĂ©natus-consulte du 14 juillet qui en reprend les grands principes, en y ajoutant une innovation de taille la possibilitĂ© ouverte aux indigĂšnes » dâaccĂ©der Ă la pleine citoyennetĂ© française, moyennant la perte de leur statut personnel. Le statut dâindigĂšne se rapproche donc celui des Ă©trangers, qui sont dâailleurs sujet de lâarticle 3 du sĂ©natus-consulte un indigĂšne peut dĂ©poser une demande de naturalisation â terme impropre stricto sensu puisquâil est dĂ©jĂ Français, mais courant pendant toute la pĂ©riode. Câest en raison de cette ouverture que le texte de 1865 a souvent Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme libĂ©ral, sâinscrivant dans la politique arabe de NapolĂ©on III [9]. 11Cependant force est de constater que, dans son ensemble, cette poli tique dâassimilation par la naturalisation a Ă©tĂ© un Ă©chec. Seuls 1 730 indigĂšnes » ont Ă©tĂ© naturalisĂ©s entre 1865 et 1919 sur 32 521 naturalisations y compris celles des Ă©trangers europĂ©ens, surtout au regard des prĂšs de 4 900 000 indigĂšnes musulmans » recensĂ©s en 1921 [10]. Chez les Juifs algĂ©riens Ă©galement la procĂ©dure ne semble pas avoir rencontrĂ© un franc succĂšs. Seules 137 naturalisations sont prononcĂ©es entre 1865 et 1870 pour prĂšs de 34 000 Juifs en 1866 ; parmi elles, celle de LĂ©on-Elie Enos, ĂągĂ© alors de 34 ans, en compagnie de ses frĂšres Abraham et David, par dĂ©cret du 6 juillet 1867. Les raisons de cet Ă©chec sont certainement multiples. La premiĂšre, qui sâest imposĂ©e aux commentateurs de lâĂ©poque comme aux historiens contemporains, est lâattachement des Juifs algĂ©riens comme des musulmans Ă leur statut personnel et aux juridictions religieuses appliquant les prĂ©ceptes de leur foi. Une deuxiĂšme explication est peut-ĂȘtre Ă trouver dans la rĂ©ticence des autoritĂ©s coloniales françaises elles-mĂȘmes, qui ne semblent pas avoir favorisĂ©, ni mĂȘme informĂ© largement les intĂ©ressĂ©s sur cette nouvelle procĂ©dure. 12Quoi quâil en soit, Ă y regarder de plus prĂšs, le nombre des naturalisations de Juifs algĂ©riens nâest pas totalement nĂ©gligeable si on le rapporte Ă celui des naturalisations dâ indigĂšnes musulmans », au nombre de 99 sur la mĂȘme pĂ©riode pour une population prĂšs de quatre-vingts fois supĂ©rieure tableau 1.Tableau 1Les naturalisations des sujets et protĂ©gĂ©s coloniaux entre 1865 et 1919Les naturalisations des sujets et protĂ©gĂ©s coloniaux entre 1865 et 1919Remarques Ce tableau reprend les indications prĂ©sentes dans les Bulletins. Le groupe des Marocains contient donc indistinctement des musulmans et des Juifs. Autres » africains », Ă©tranger israĂ©lite ou musulman autre que marocain ou naturalisĂ©s juifs algĂ©riens sont rĂ©partis sur les trois dĂ©partements algĂ©riens, conformĂ©ment Ă la forte implantation urbaine de la communautĂ© juive algĂ©rienne 39 vivent Ă Alger 28 %, 17 Ă SĂ©tif 12,3 %, 18 Ă Mascara 13 %, 12 Ă Mostaganem 8,7 %. Lâanalyse des occupations des naturalisĂ©s est assez dĂ©licate Ă mener, dans la mesure oĂč leurs mentions dans le BO sont imprĂ©cises, variables dans lâensemble du corpus, et donc sujettes Ă caution. LâĂ©tude des dossiers individuels rĂ©vĂšle quâil sâagit des professions dĂ©clarĂ©es par le candidat Ă la naturalisation au moment du dĂ©pĂŽt du dossier, sans que cette premiĂšre dĂ©claration ait Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e et recoupĂ©e. Les activitĂ©s dĂ©clarĂ©es des Juifs naturalisĂ©s sont en tout cas variĂ©es commerce et nĂ©goce occupent la grande majoritĂ© des naturalisĂ©s, respectivement 18 % et 17 %, les pourcentages sâĂ©levant Ă 26 % et 25 % si on se limite Ă la population des Juifs naturalisĂ©s pour lesquels lâactivitĂ© professionnelle est indiquĂ©e ; mais on trouve Ă©gale ment parmi eux un agent de police, un instituteur, un Ă©tudiant, un clerc dâhuissier, des propriĂ©taires mais Ă©galement des artisans spĂ©cialisĂ©s dans lâorfĂšvrerie et la bijouterie, ainsi que dans le textile [11]. 14Une activitĂ© retient particuliĂšrement notre attention dans la mesure oĂč elle semble spĂ©cifique aux Juifs algĂ©riens par opposition aux tunisiens ou aux marocains les interprĂštes, militaires ou judiciaires, constituent 14 % des activitĂ©s recensĂ©es. Cette importance des interprĂštes dans le corpus analysĂ© peut sâinterprĂ©ter de deux façons. Tout dâabord elle tĂ©moigne de la prĂ©sence nombreuse des Juifs algĂ©riens dans le corps des interprĂštes, et ce depuis la conquĂȘte [12]. Population frontiĂšre, intermĂ©diaires naturels entre les EuropĂ©ens et les musulmans, maĂźtrisant lâarabe, les Juifs sont ainsi recrutĂ©s prioritairement pour accompagner les troupes françaises dans les opĂ©rations de conquĂȘte. Une fois la colonisation Ă©tablie, ils se recyclent dans les tribunaux comme auxiliaires de justice. Ensuite, par leur position privilĂ©giĂ©e aux cĂŽtĂ©s des diffĂ©rentes autoritĂ©s françaises, les interprĂštes sont particuliĂšrement exposĂ©s Ă lâintĂ©rĂȘt que peut reprĂ©senter une naturalisation, ou du moins sont-ils informĂ©s de cette possibilitĂ©. 15Pour autant les Juifs indigĂšnes ne sont pas les seuls Juifs en AlgĂ©rie Ă demander et obtenir leur naturalisation entre 1865 et 1870 des Juifs Ă©trangers, en particulier marocains 163 et tunisiens 21 complĂštent les naturalisations juives. Câest prĂ©cisĂ©ment tout lâintĂ©rĂȘt de cette Ă©tude des naturalisations que de nous donner Ă voir cette immigration juive, marocaine et tunisienne, trop souvent nĂ©gligĂ©e dans les travaux sur les populations dâAlgĂ©rie [13]. 16Le tableau 2 tĂ©moigne de lâimportance du nombre des immigrĂ©s juifs marocains dans les naturalisations prononcĂ©es, puisquâil surpasse celui des naturalisations des Juifs indigĂšnes avant le dĂ©cret CrĂ©mieux. Les Juifs originaires de TĂ©touan, pour la plupart immigrĂ©s dans les annĂ©es 1860 aprĂšs les guerres hispano-marocaines, forment dâailleurs le gros de cette population 104 naturalisĂ©s, soit 63 % des Marocains naturalisĂ©s. Ils sont installĂ©s dans le dĂ©partement dâOran, Ă Mascara pour la majoritĂ© 41, soit 39,5 % des TĂ©touanais, ou dans une moindre mesure Ă Oran 13,4 %, Ă SaĂŻda 13,4 %, Ă Mostaganem 8,7 %, Ă Nemours 8,7 %, Ă Sidi-Bel-AbbĂšs 8,7 %. Les autres Marocains naturalisĂ©s proviennent surtout des villes de la cĂŽte marocaine Mogador/Essaouira pour 11 dâentre eux, soit 6,7 % des Marocains naturalisĂ©s, mais Ă©galement Tanger. Autant quâon puisse en juger sur ce premier Ă©chantillon dont les informations sont encore parcellaires [14], la population des immigrĂ©s juifs marocains ne semblent pas se distinguer des autochtones par leurs occupations tableau 3Tableau 2Les naturalisations des Juifs dâAlgĂ©rie entre 1865 et 1919Les naturalisations des Juifs dâAlgĂ©rie entre 1865 et 1919Tableau 3ActivitĂ©s professionnelles des Juifs dâAlgĂ©rie naturalisĂ©s entre 1866 et 1870ActivitĂ©s professionnelles des Juifs dâAlgĂ©rie naturalisĂ©s entre 1866 et 1870Une rĂ©ponse Ă lâĂ©chec des naturalisations des indigĂšnes israĂ©lites » le dĂ©cret CrĂ©mieux17DĂšs les dĂ©buts de la colonisation de lâAlgĂ©rie, en accord avec les demandes rĂ©pĂ©tĂ©es du Consistoire central des israĂ©lites de France, le gouvernement de Louis-Philippe tente de soustraire la minoritĂ© juive Ă lâinfluence des rabbins algĂ©riens jugĂ©s fanatiques » et illettrĂ©s » par leurs pairs français [15]. Câest ainsi que les ordonnances du 28 fĂ©vrier 1841 et du 26 septembre 1842 confient la juridiction des IsraĂ©lites aux tribunaux français. Une autre ordonnance, celle du 9 novembre 1845, organise le culte communautaire sur le mode mĂ©tropolitain en crĂ©ant un Consistoire israĂ©lite algĂ©rien Ă Alger et deux consistoires provinciaux, Ă Oran et Ă Constantine avec des rabbins mĂ©tropolitains, parachevant ainsi lâ assimilation » juridique des Juifs algĂ©riens. 18Avec la publication du sĂ©natus-consulte en 1865, les libĂ©raux et surtout les Juifs de France tablent sur le fait que les Juifs algĂ©riens vont entamer massivement des dĂ©marches pour accĂ©der Ă la citoyennetĂ© française, dâautant que les consistoires les exhortent Ă le faire [16]. Or nous venons de voir quâil nâen a rien Ă©tĂ©. Devant cet Ă©chec, plusieurs voix sâĂ©lĂšvent, en France comme en AlgĂ©rie, pour demander lâattribution collective et autoritaire de la citoyennetĂ© aux Juifs algĂ©riens. Ainsi les conseils gĂ©nĂ©raux des trois provinces dâAlgĂ©rie se prononcent-ils chaque annĂ©e de 1865 Ă 1869 en faveur de la publication dâun tel dĂ©cret [17]. Pour autant il ne faudrait pas croire quâil y ait unanimitĂ© sur la rĂ©forme. Ă la commission de lâAlgĂ©rie au SĂ©nat, créée par un dĂ©cret du 7 mai 1869, le premier prĂ©sident de la cour dâAlger Pierrey sâoppose au projet dâaccorder la citoyennetĂ© en bloc, mais propose, afin de faciliter les naturalisations individuelles, que les Juifs dâAlgĂ©rie soient soumis Ă lâavenir au Code civil [18]. Une telle idĂ©e rompt avec la logique du sĂ©natus-consulte, lequel exclut la citoyennetĂ© au nom dâun statut personnel distinct. Elle fait donc long feu, malgrĂ© le consensus dont elle bĂ©nĂ©ficie dans la commission. Mais elle tĂ©moigne dĂ©jĂ de lâhostilitĂ©, voire de la crainte que suscite, chez les hommes de pouvoir en poste en AlgĂ©rie, lâextension des droits Ă©lectoraux en faveur des indigĂšnes israĂ©lites » [19]. 19Reprenant un projet prĂ©parĂ© dans les derniĂšres annĂ©es du Second Empire, Adolphe CrĂ©mieux, avocat et ancien ministre de la Seconde RĂ©publique mais Ă©galement prĂ©sident de lâAlliance israĂ©lite universelle, promulgue, en tant que ministre de la Justice du gouvernement de la DĂ©fense nationale, le dĂ©cret qui porte aujourdâhui son nom, en octobre 1870. Le texte dĂ©clare donc citoyens français les israĂ©lites indigĂšnes » des dĂ©partements de lâAlgĂ©rie et les soumet juridiquement au Code civil. Lâimportance du dĂ©cret rĂ©side dans le caractĂšre massif et obligatoire du changement de statut. 20Le dĂ©cret CrĂ©mieux, qui est prĂ©sentĂ© aujourdâhui comme lâaccomplissement de lâĆuvre Ă©mancipatrice et rĂ©publicaine française, a pourtant rencontrĂ© la rĂ©sistance des milieux juifs algĂ©riens hostiles Ă lâabandon du droit mosaĂŻque, et plus particuliĂšrement des rabbins algĂ©riens traditionnels face Ă lâintrusion du judaĂŻsme français [20]. Dans les milieux administratifs ou juridiques de la TroisiĂšme RĂ©publique, il demeure une rĂ©fĂ©rence paradoxale, plus exactement un contre-modĂšle, celui dâune naturalisation de masse et non contrĂŽlĂ©e. Il est par exemple Ă©voquĂ© par les juristes du ministĂšre de la Justice pendant la PremiĂšre Guerre mondiale pour disqualifier toute proposition de loi suggĂ©rant dâouvrir la citoyennetĂ© française collectivement aux AlgĂ©riens, ou Ă certaines catĂ©gories dâentre eux. 21Le dĂ©cret CrĂ©mieux suscite aussi lâopposition des militaires et des administrateurs de la Colonie dĂšs sa promulgation ; le commissaire extraordinaire de la Colonie de 1870, Charles du Bouzet, nommĂ© par CrĂ©mieux, lui est par exemple trĂšs hostile [21]. Sous le gouvernement Thiers, une campagne continue Ă la Chambre incite le gouvernement Ă prononcer son abrogation, campagne relayĂ©e en AlgĂ©rie par le nouveau gouverneur gĂ©nĂ©ral, lâamiral de Gueydon, et par la presse. Le dĂ©cret est cependant conservĂ©, mais sa portĂ©e est limitĂ©e par un autre dĂ©cret promulguĂ© le 7 octobre 1871 sous lâimpulsion du ministre de lâIntĂ©rieur FĂ©lix Lambrecht. Ce dĂ©cret, aujourdâhui largement oubliĂ©, vise Ă prĂ©ciser la catĂ©gorie de population directement concernĂ©e par le dĂ©cret CrĂ©mieux, Ă savoir les indigĂšnes israĂ©lites. Ătant donnĂ© lâimportance de ce dĂ©cret dans la dĂ©finition de lâindigĂšne algĂ©rien et son usage ambigu ultĂ©rieurement, il est utile de citer exactement la teneur de ses prescriptions. 22Art 1er. Provisoirement et jusquâĂ ce quâil ait Ă©tĂ© statuĂ© par lâAssemblĂ©e Nationale sur le maintien ou lâabrogation du dĂ©cret du 24 octobre 1870, seront considĂ©rĂ©s comme indigĂšnes, et Ă ce titre, demeureront inscrits sur les listes Ă©lectorales, sâils remplissent dâailleurs les autres conditions de capacitĂ© civile, les israĂ©lites nĂ©s en AlgĂ©rie avant lâoccupation française ou nĂ©s, depuis cette Ă©poque, de parents Ă©tablis en AlgĂ©rie Ă lâĂ©poque oĂč elle sâest produite [22]. 23Est ainsi dĂ©fini, en droit, ce quâest un indigĂšne israĂ©lite » câest un israĂ©lite rien nâest dit sur la dĂ©finition explicite de la catĂ©gorie dâisraĂ©lite, contrairement Ă ce qui va advenir sous Vichy qui est nĂ© en AlgĂ©rie avant la conquĂȘte ou dont les parents sont nĂ©s en AlgĂ©rie avant la conquĂȘte. Cette Ă©trange rĂ©fĂ©rence Ă un droit du sol historique, au temps oĂč lâAlgĂ©rie nâĂ©tait pas française, va fonder plus gĂ©nĂ©ralement la dĂ©finition, pour les juristes, de lâindigĂšne, y compris de lâindigĂšne musulman. 24On insiste peu sur la portĂ©e de ce dĂ©cret. PremiĂšre consĂ©quence cependant les Juifs immigrĂ©s du Maroc ou de Tunisie en sont exclus. En ce qui les concerne, la procĂ©dure de naturalisation ouverte par le sĂ©natus-consulte demeure la seule voie possible pour accĂ©der Ă la citoyennetĂ© française. Par ailleurs, le dĂ©cret Lambrecht sâest avĂ©rĂ© fondamental lors de lâannexion des territoires du MâZab en 1882. Les Juifs mozabites, ces nouveaux Juifs algĂ©riens, bĂ©nĂ©ficiaient-ils des dispositions du dĂ©cret CrĂ©mieux ? Le gouverneur gĂ©nĂ©ral Tirman se montre hostile Ă cette solution et soutient lâidĂ©e, dans sa correspondance avec le ministĂšre de la Justice du 11 juin 1884, que les Juifs mozabites ne sont pas nĂ©s en AlgĂ©rie avant la conquĂȘte, puisquâen 1830, le MâZab ne faisait pas partie de lâAlgĂ©rie [23] ! De sorte quâen vertu des principes Ă©dictĂ©s par le dĂ©cret de 1871, les Juifs de MâZab ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme citoyens français, et conservent par consĂ©quent leur statut personnel mosaĂŻque. Cette interprĂ©tation, agréée par le ministĂšre de la Justice, est dĂšs lors reprise, Ă quelques exceptions prĂšs, par la doctrine juridique, quâelle soit algĂ©rienne ou mĂ©tropolitaine. Les Juifs du MâZab sont demeurĂ©s exclus de la citoyennetĂ© française jusquâĂ lâindĂ©pendance, ce qui nâa pas Ă©tĂ© sans poser Ă nouveau de sĂ©rieux problĂšmes, en 1962, lorsquâil a fallu dĂ©cider sâils Ă©taient Français ou AlgĂ©riens [24]. 25Câest Ă©galement en sâappuyant sur une application littĂ©rale du dĂ©cret Lambrecht que des maires Ă©lus sur des programmes anti-juifs » ont cherchĂ© Ă radier les Juifs des listes Ă©lectorales de leurs communes, Ă la fin du XIXe siĂšcle ou dans les annĂ©es 1930 comme Ă Sidi-Bel-AbbĂšs [25], Ă dĂ©faut de pouvoir directement abroger le dĂ©cret CrĂ©mieux. En effet, dans ces communes, les services municipaux ont exigĂ© des Ă©lecteurs juifs quâils apportent la preuve de leur naissance, ou de celles de leurs ascendants, en AlgĂ©rie avant 1830. Tout dĂ©faut de preuve Ă©quivaut alors Ă une tentative de fraude et entraĂźne la radiation. Il va sans dire que la plupart du temps, et Ă fortiori Ă la fin des annĂ©es 1930, une telle preuve est impossible Ă apporter puisque lâAlgĂ©rie Ă©tait dĂ©pourvue dâĂ©tat civil au moment de la conquĂȘte et que les actes de notoriĂ©tĂ©, plus ou moins acceptĂ©s, deviennent difficiles Ă Ă©tablir Ă partir des annĂ©es Juifs marocains et tunisiens entre droit du sol et naturalisation26Ă partir du dĂ©cret Lambrecht, la question des naturalisations juives concernent donc au premier chef les immigrĂ©s tunisiens et marocains, et dans une proportion beaucoup plus faible les mozabites tableau 2. Rappelons, avant dâaller plus loin dans lâĂ©tude de ces naturalisations, que la question du statut des immigrĂ©s du Maroc et de Tunisie se pose de façon accrue Ă partir des annĂ©es 1880, et aprĂšs la grande loi sur la nationalitĂ© de 1889. En effet, les Marocains et les Tunisiens, quâils soient juifs ou musulmans, sont des Ă©trangers, au contraire des indigĂšnes ». Leur statut de protĂ©gĂ© français 1881 pour les Tunisiens, 1912 pour les Marocains nây change rien ils conservent leur nationalitĂ© tunisienne ou marocaine et sont donc, en droit, semblables aux Ă©trangers europĂ©ens. Or la prĂ©sence de ces derniers, de plus en plus nombreux sur le sol algĂ©rien [26], conduit les autoritĂ©s coloniales en AlgĂ©rie Ă sâinquiĂ©ter de cette population Ă©trangĂšre, de nationalitĂ© essentiellement espagnole et italienne, susceptible dâexacerber les appĂ©tits impĂ©rialistes des autres puissances europĂ©ennes. 27Le problĂšme est que depuis le Code NapolĂ©on, le droit du sol a Ă©tĂ© supprimĂ© au profit du droit du sang la naissance sur le sol de la France et a fortiori de lâAlgĂ©rie nâentraĂźnait plus lâaccĂšs Ă la nationalitĂ© française. DĂšs 1884, le gouverneur gĂ©nĂ©ral Tirman envoie donc au gouvernement un projet de loi Ă©laborĂ© par lâĂcole de droit dâAlger visant Ă accorder la nationalitĂ© française aux enfants dâĂ©trangers nĂ©s sur le sol algĂ©rien [27]. Si le projet nâest pas retenu, lâidĂ©e nâest pas rejetĂ©e pour autant dans les sphĂšres gouvernementales. Lorsquâest discutĂ©e et votĂ©e la grande loi sur la nationalitĂ© de 1889 qui rĂ©introduit le droit du sol dans le droit français, lâAlgĂ©rie est incluse dans le bĂ©nĂ©fice de la loi lâenfant dâĂ©tranger nĂ© en AlgĂ©rie devient français et citoyen sâil rĂ©side encore en AlgĂ©rie Ă sa majoritĂ©. GrĂące Ă la loi de 1889, la minoritĂ© europĂ©enne se trouve intĂ©grĂ©e dans le groupe des citoyens français dĂšs la seconde gĂ©nĂ©ration. LâalgĂ©rianisation » de la population europĂ©enne est en cours, dâautant quâĂ partir de 1896, le nombre des EuropĂ©ens nĂ©s en AlgĂ©rie est devenu supĂ©rieur Ă celui des immigrĂ©s. 28Quâen est-il des immigrĂ©s issus des pays musulmans du Maghreb, et au premier chef du Maroc et de Tunisie ? Le recensement de 1886 a en effet dĂ©nombrĂ© 4 893 Tunisiens et 17 445 Marocains rĂ©sidant en AlgĂ©rie [28]. La loi de 1889 leur est-elle applicable ? La Cour de cassation, par plusieurs arrĂȘts du 22 avril 1896, la plupart concernant des Juifs nĂ©s en AlgĂ©rie de parents tunisiens ou marocains [29], juge quâaucun texte ne justifie une exception Ă son application en faveur des Ă©trangers des pays musulmans. En effet, le texte de la loi, rĂ©digĂ© en France suivant des problĂ©matiques mĂ©tropolitaines, ne prĂ©cise pas la religion ou lâorigine nationale des bĂ©nĂ©ficiaires et ne peut, en consĂ©quence, autoriser lâexclusion des immigrĂ©s des pays musulmans. Cependant, lâadministration coloniale nâa appliquĂ© le texte aux Ă©trangers des pays musulmans quâavec la plus grande rĂ©pugnance, au motif quâelle ne peut accorder aux Marocains ou aux Tunisiens des droits qui demeurent fermĂ©s aux indigĂšnes algĂ©riens, quâelle considĂšre alors comme plus proches » culturellement des Français. La multiplication des arrĂȘts de la Cour de cassation, uniformes quant Ă leur interprĂ©tation de lâapplication du droit du sol aux Marocains et Tunisiens, confirme Ă©galement, a contrario, les rĂ©sistances administratives. 29Lâanalyse de la base de donnĂ©es des naturalisĂ©s marocains et tunisiens, reconstituĂ©e Ă partir du Bulletin Officiel du gouvernement gĂ©nĂ©ral de lâAlgĂ©rie, tend Ă confirmer quâeffectivement, quasiment aucun des Marocains ou Tunisiens naturalisĂ©s nâa Ă©tĂ© en mesure de rĂ©clamer le bĂ©nĂ©fice de la loi de 1889. En effet, parmi ceux qui sont nĂ©s en AlgĂ©rie, on ne retrouve que trois cas, des Marocains, naturalisĂ©s et majeurs aprĂšs 1889 puisque lâattribution de la nationalitĂ© nâavait lieu quâĂ la majoritĂ© sur plus de 916 naturalisations recensĂ©es dâĂ©trangers issus de pays africains. Sur ces trois cas, aucune donnĂ©e prĂ©cise ne vient Ă©clairer cette anomalie ». Cependant plusieurs Ă©lĂ©ments pourraient ĂȘtre avancĂ©s pour lâexpliquer soit ils nâĂ©taient momentanĂ©ment plus rĂ©sidents en AlgĂ©rie Ă leur majoritĂ©, soit ils avaient renoncĂ© dans un premier temps, Ă leur majoritĂ©, au bĂ©nĂ©fice de la loi. On ne peut exclure une derniĂšre hypothĂšse, celle de lâerreur manifeste ou volontaire de lâadministration coloniale qui instruit les dossiers de naturalisations pour des Ă©trangers dĂ©jĂ citoyens français en vertu de la loi. 30Quoi quâil en soit, qui sont les Juifs marocains et tunisiens naturalisĂ©s aprĂšs 1870 ? Tout dâabord, notons que les Juifs constituent la grande majoritĂ© des naturalisations marocaines et tunisiennes, respectivement 87 % et 68 % Tableaux 1 et 2. Tout en restant assez minoritaires par rapport Ă lâeffectif total des Marocains et des Tunisiens rĂ©sidant en AlgĂ©rie, le nombre de naturalisations nâen est pas pour autant nĂ©gligeable 580 Juifs marocains et 156 Juifs tunisiens ont obtenu une naturalisation entre 1865 et 1919. Si les flux de naturalisations sont continus pendant toute la pĂ©riode, on observe nĂ©anmoins un pic dans les annĂ©es 1891-1895 respectivement 115 Marocains et 36 Tunisiens naturalisĂ©s, alors mĂȘme que les effectifs totaux dâimmigrĂ©s marocains et tunisiens stagnent, voire rĂ©gressent [30]. Peut-ĂȘtre peut-on y voir un effet de la loi de 1889 qui, en accordant la nationalitĂ© française aux enfants nĂ©s en AlgĂ©rie, incite les autres membres de la famille, plus ĂągĂ©s ou nĂ©s au Maroc et en Tunisie, Ă suivre la voie de la francisation. 31De façon plus gĂ©nĂ©rale, ainsi quâon lâavait dĂ©jĂ remarquĂ© pour les premiĂšres naturalisations de Juifs indigĂšnes », la naturalisation ne renvoie pas en effet Ă une dĂ©marche individuelle, mais bien la plupart du temps Ă une logique familiale. Non seulement les Ă©pouses se joignent aux demandes de leurs maris, conformĂ©ment au souhait, sur ce point, de lâadministration française qui prĂ©fĂšre une unitĂ© de juridiction civile au sein des couples, mais bien souvent frĂšres et parents font des dĂ©marches conjointes. On peut en avoir une premiĂšre intuition Ă la lecture de la liste des noms de naturalisĂ©s, les mĂȘmes noms originaires des mĂȘmes villes se retrouvent souvent mentionnĂ©s Ă proximitĂ© les uns des autres. 32La lecture des dossiers de naturalisation tend Ă confirmer cette premiĂšre impression. Ainsi par exemple, dans le dossier de naturalisation de JosuĂ© Hassan, Juif marocain nĂ© le 20 janvier 1861 Ă Mascara dans une famille originaire de TĂ©touan et naturalisĂ© par dĂ©cret le 26 janvier 1891, le procĂšs-verbal dâenquĂȘte dressĂ© par la mairie de Mascara fait Ă©tat de sa situation familiale 33M. Hassan JosuĂ© a son pĂšre naturalisĂ© Français nĂ©gociant Ă Mascara, un frĂšre cadet naturalisĂ© Français, employĂ© Ă Mascara, une sĆur cadette, cĂ©libataire, sans profession, domiciliĂ© Ă Mascara, plus Ă SaĂŻda, Laetitia Hassan, sa belle-mĂšre et tante, sans profession ; Isaac Nahon, son beau-frĂšre et cousin naturalisĂ© Français, nĂ©gociant, membre du Conseil municipal de SaĂŻda. Au Maroc Ă TĂ©tuan, JosuĂ© Hassan, son cousin germain, propriĂ©taire, consul dâEs pagne, du Portugal et dâItalie, mariĂ© avec enfants Ă Tanger, Abraham TolĂ©dano, son oncle maternel, nĂ©gociant mariĂ© avec enfants [31]. 34Dans leur Ă©valuation de la candidature de JosuĂ© Hassan, les diffĂ©rents services consultĂ©s mairie de Mascara, prĂ©fecture dâOran, service des Affaires indigĂšnes du Gouvernement gĂ©nĂ©ral, insistent sur les attaches » du postulant avec la France habitant lâAlgĂ©rie depuis sa naissance, lettre de recommandation du sous-secrĂ©tariat dâĂtat des Colonies. La naturalisation antĂ©rieure de membres de sa famille plus ou moins proche est dĂšs lors soulignĂ©e comme une preuve ultime de sa loyautĂ© ». 35Cette dimension familiale, souvent nĂ©gligĂ©e dans les Ă©tudes sur la naturalisation, conduit Ă nuancer lâexplication classique du faible nombre des naturalisations juives et musulmanes par lâattachement au statut personnel religieux et la peur de lâostracisme. Cette logique impliquerait que seuls les marginaux, les outsiders au sein de leur communautĂ© entament une procĂ©dure aussi stigmatisante. La preuve est faite ici que la naturalisation met en jeu des logiques collectives et familiales, renforçant dâailleurs les liens matrimoniaux. La naturalisation nâest pas une procĂ©dure anodine. Le postulant doit dâabord avoir Ă©tĂ© informĂ© des dĂ©marches Ă suivre, et sa dĂ©marche sera plus aisĂ©e sâil a eu vent dâune expĂ©rience positive passĂ©e parmi ses connaissances ou son entourage familial. Par ailleurs, dans le dossier il doit dĂ©cliner son Ă©tat civil, et surtout sa situation de famille avec un acte de notoriĂ©tĂ© Ă lâappui. Impliquant toute la famille, la naturalisation est logiquement facilitĂ©e si lâensemble de la parentĂšle agit de concert. 36Par ailleurs, dâautres informations peuvent ĂȘtre dĂ©gagĂ©es de lâĂ©tude statistique des naturalisations juives en AlgĂ©rie. En premier lieu, on retrouve lâimportance de lâimmigration juive tĂ©touanaise qui reprĂ©sente toujours 36 % des naturalisĂ©s juifs marocains aprĂšs 1870. Les autres naturalisĂ©s marocains proviennent de lâensemble du territoire marocain, avec une lĂ©gĂšre surreprĂ©sentation des villes cĂŽtiĂšres et royales marocaines dotĂ©es de communautĂ©s juives importantes Mogador, Marrakech, Tanger et Fez autour de 5 % chacune. Les naturalisĂ©s tunisiens, quant Ă eux, sont trĂšs largement originaires de Tunis 66 %. 37De mĂȘme, est confirmĂ©e lâimplantation urbaine et diffĂ©renciĂ©e des populations marocaine et tunisienne en AlgĂ©rie. Les Marocains se concentrent quasi exclusivement en Oranie 512 sur une population de 579, soit 88 %, 6 % demeurant dans le dĂ©partement dâAlger, 4 % dans celui de Constantine, le reste dans les Territoires du Sud. Les Tunisiens, en toute logique, ont surtout investi le Constantinois proche 59 %, suivi des dĂ©partements dâAlger 23 % puis dâOran 19 %. Dans le dĂ©partement dâAlger, la capitale attire la grande majoritĂ© des populations migrantes 72 % des 119 Juifs naturalisĂ©s, marocains et tunisiens, installĂ©s dans le dĂ©partement. En Oranie, les principales villes dâimplantation des Juifs marocains sont Oran 27 % des Marocains naturalisĂ©s du dĂ©partement, Mascara 16,6 %, Saint-Denis du Sig 10,3 %, Sidi-Bel-AbbĂšs et SaĂŻda 7 % chacune. Les Tunisiens se retrouvent surtout Ă Souk-Ahras 35 % des Tunisiens rĂ©sidant dans le dĂ©partement de Constantine, Ă BĂŽne 29 %, et dans une bien moindre mesure Ă Guelma 11 % et Ă Constantine 8 %, câest-Ă -dire surtout dans des communes situĂ©es Ă la frontiĂšre tunisienne. Ces implantations frontaliĂšres semblent tĂ©moigner de la persistance des liens et des allers et retours entre lâAlgĂ©rie et le pays dâorigine, oĂč bien souvent une partie de la famille demeure encore. Dans le cas de JosuĂ© Hassan, citĂ© plus haut, le rapport municipal a pris soin de prĂ©ciser ses oncles et cousins rĂ©sidant encore au Maroc. 38Cette permanence des relations et des circulations entre lâAlgĂ©rie dâaccueil et le Maroc ou la Tunisie dâorigine peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©duite de la surreprĂ©sentation des mĂ©tiers de commerce et de nĂ©goce dans les occupations des Juifs naturalisĂ©s prĂšs de 39 % dâentre eux ont une activitĂ© liĂ©e au commerce et Ă la boutique, 21 % Ă©tant dĂ©clarĂ©s plus spĂ©cifiquement nĂ©gociants tableau 4. La progression, surtout Ă partir de 1886, de lâartisanat, domaine dâactivitĂ© traditionnel des Juifs du Maghreb [32], traduit peut-ĂȘtre la sĂ©dentarisation sur la terre 4ActivitĂ©s des Juifs naturalisĂ©s entre 1866 et 1919ActivitĂ©s des Juifs naturalisĂ©s entre 1866 et 1919Remarque le pourcentage renvoie Ă la part de lâactivitĂ© professionnelle dans lâensemble des activitĂ©s Ă©galement la part des militaires. ActivitĂ© majoritaire des naturalisĂ©s indigĂšnes musulmans 27 % sur toute la pĂ©riode, avec des pointes Ă 47 % dans la premiĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle et Ă©gale ment prĂ©pondĂ©rante chez les naturalisĂ©s musulmans protĂ©gĂ©s, elle est nĂ©gligeable avant 1895, mais reprĂ©sente ensuite plus de 15 % des Juifs naturalisĂ©s. Ces militaires indigĂšnes ou assimilĂ©s, quâils soient tirailleurs infanterie ou spahis cavalerie, sont, jusquâen 1913, exclusivement des engagĂ©s volontaires, et peuvent espĂ©rer, en cas de naturalisation, accĂ©der aux grades de capitaine ou de chef de bataillon [33]. Comment comprendre le changement de 1895 ? TrĂšs certainement, cette augmentation est le signe dâun engagement plus important des Juifs marocains ou tunisiens dans lâarmĂ©e française. Le mystĂšre nâest cependant pas rĂ©solu pourquoi cet accroissement des engagements volontaires ? Peut-ĂȘtre peut-on y lire un des effets paradoxaux de la loi sur la nationalitĂ© de 1889 qui a prĂ©cisĂ©ment liĂ© lâextension de la nationalitĂ© française avec le droit du sol et lâuniversalitĂ© du service militaire pour tous les citoyens français la loi est votĂ©e de façon concomitante. AprĂšs 1889, les dossiers de naturalisation de mĂ©tropole sont Ă©valuĂ©s au regard de la contribution Ă©ventuelle du postulant Ă lâeffort militaire par sa personne ou celle de ses fils. Dans lâEmpire, la conquĂȘte a repris, cette fois-ci orientĂ©e prĂ©cisĂ©ment vers la Tunisie et le Maroc, puis vers lâAfrique noire. Les forces militaires ressentent Ă nouveau la nĂ©cessitĂ© de recruter des intermĂ©diaires, des interprĂštes aussi bien linguistiques que culturels, rĂŽle qui Ă©tait prĂ©cisĂ©ment dĂ©volu aux Juifs pendant la conquĂȘte de lâAlgĂ©rie. Lâhistoire des Juifs engagĂ©s, algĂ©riens, marocains ou tunisiens dans lâarmĂ©e dâAfrique reste cependant encore Ă Ă©crire ⊠40La question de la nationalitĂ© des Juifs dâAlgĂ©rie pendant la colonisation française est trop souvent rĂ©duite Ă lâĂ©vocation du dĂ©cret CrĂ©mieux de 1870. Or câest tout dâabord faire peu de cas des nombreuses affaires judiciaires portĂ©es par des Juifs, indigĂšnes » ou Ă©trangers, qui ont durablement façonnĂ© la dĂ©finition et lâextension des droits civiques des populations non europĂ©ennes, le cas du jeune avocat LĂ©on-Elie Ănos, Ă lâorigine de la jurisprudence de 1862 et du sĂ©natus-consulte de 1865, Ă©tant de ce point de vue exemplaire. 41Plus encore, le dĂ©cret CrĂ©mieux nâa pas clos la controverse sur la citoyennetĂ© des Juifs algĂ©riens, non seulement parce que son image Ă©mancipatrice colportĂ©e par la suite est mise Ă mal par la rĂ©sistance des milieux traditionnels juifs algĂ©riens, mais Ă©galement parce que sa portĂ©e nâa pas Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rale. LimitĂ© par le dĂ©cret Lambrecht de 1871, il laisse de cĂŽtĂ© de nombreux Juifs exclus les Marocains, les Tunisiens, et les Mozabites. 42LâĂ©tude des naturalisations des Juifs dâAlgĂ©rie permet donc de mesurer Ă la fois la portĂ©e et les limites du dĂ©cret CrĂ©mieux. Elle permet Ă©galement de dresser un tableau de lâimmigration juive marocaine et tunisienne en AlgĂ©rie, son implantation, ses occupations, sa diversitĂ©. Demeure cependant indĂ©terminĂ©e la question de la reprĂ©sentativitĂ© des naturalisĂ©s juifs au regard de la population juive immigrĂ©e gĂ©nĂ©rale, dans la mesure oĂč lâoutil habituellement si prĂ©cieux du recensement sâavĂšre ici inutile, aucune distinction nâĂ©tant faite entre les catĂ©gories de Juifs et de musulmans marocains/tunisiens. Notes [1] Sur les naturalisations des indigĂšnes musulmans », je me permets de renvoyer Ă mon article, La citoyennetĂ© française au miroir de la colonisation Ă©tude des demandes de naturalisation des sujets français » en AlgĂ©rie coloniale », GenĂšses, dossier Sujets dâEmpire », 53, 2003. [2] ValĂ©rie Assan, Lâexode des Juifs de Mascara, un Ă©pisode de la guerre entre Abd-El-Kader et la France », Archives Juives, Revue dâhistoire des Juifs de France, 2005/2, p 18. [3] La liste Ă©tablie par Marc Aboudarham pour le Cercle de gĂ©nĂ©alogie juive donne le chiffre de 402 Juifs indigĂšnes » naturalisĂ©s de 1865 Ă 1870 en application du sĂ©natus-consulte de 1865 AIU, CGJ, B 111. Sâappuyant Ă la fois sur le Bulletin officiel des actes du gouvernement gĂ©nĂ©ral et sur le Bulletin des lois, ValĂ©rie Assan en dĂ©compte 410, parmi lesquels 146 indigĂšnes » ValĂ©rie Assan, Les Consistoires israĂ©lites dâAlgĂ©rie au XIXe siĂšcle. Lâalliance de la civilisation et de la religion », thĂšse prĂ©parĂ©e Ă Paris 1 sous la dir. de Catherine Nicault, 2010, p. 641-643. [4] Kamel Kateb, EuropĂ©ens, IndigĂšnes » et Juifs en AlgĂ©rie 1830-1962. ReprĂ©sentations et rĂ©alitĂ©s des populations, Paris, PUF/INED, 2001, p. 30 chiffres reconstituĂ©s Ă partir de lâAnnuaire statistique de lâAlgĂ©rie, 1932. [5] Ălie LĂ©on Enos 1833-1885 fut le premier Juif indigĂšne » inscrit au Barreau dâAlger [ndlr]. [6] Archives nationales de France ci-aprĂšs AF-AN, BB 30/1741, Rapport de lâInspecteur gĂ©nĂ©ral adjoint des services judiciaires au Garde des Sceaux en date du 8 juillet 1946 au sujet de la lĂ©gislation sur la nationalitĂ© en AlgĂ©rie, Tunisie et Maroc. [7] Robert Estoublon, Bulletin judiciaire de lâAlgĂ©rie. Jurisprudence algĂ©rienne de 1830 Ă 1876, Alger, Adolphe Jourdan Ă©diteur, 1890 annĂ©e 1862, p. 12. [8] Laure BlĂ©vis, Une universitĂ© française en terre coloniale. Naissance et reconversion de la FacultĂ© de droit dâAlger 1879-1962 », Politix, dossier La colonie rapatriĂ©e », n° 76, 2006. [9] Charles-Robert Ageron, LâĂ©volution politique de lâAlgĂ©rie sous le second Empire », dans Politiques coloniales au Maghreb, Paris, PUF, 1972, p. 70. [10] Kamel Kateb, op. cit., p. 120 Ă partir de lâAnnuaire statistique de lâAlgĂ©rie annĂ©e 1932, dĂ©c. 1933. [11] De ce point de vue la population semble assez proche de celle Ă©tudiĂ©e par ValĂ©rie Assan, op. cit., Ă Mascara. [12] Alain Messaoudi, Renseigner, enseigner. Les interprĂštes militaires et la constitution dâun premier corpus savant algĂ©rien » 1830-1870 », Revue dâhistoire du XIXe siĂšcle, n° 41, 2010/2. [13] Voir cependant Jacques TaĂŻeb, Les Juifs dâAlgĂ©rie 1830-1962 dĂ©mographie et sociĂ©tĂ© », Archives juives. Revue dâhistoire des Juifs de France, 29/2, 1996, pp. 100-112 ; id., Combien y avait-il de Juifs en AlgĂ©rie 1830-1962 ? », Revue des Ă©tudes juives, 156 3-4, juil. â dĂ©c. 1997, pp. 463-367 [ndlr]. [14] 22 % des Juifs naturalisĂ©s entre 1865 et 1870 nâont aucune activitĂ© professionnelle mentionnĂ©e dans les bulletins. [15] Pierre Birnbaum, Sur la corde raide. Parcours juifs entre exil et citoyennetĂ©, Paris, Flammarion, 2002, p. 117. Sur ce point et les suivants, voir Ă©galement David Nadjari, LâĂ©mancipation Ă âmarche forcĂ©e â les Juifs dâAlgĂ©rie et le dĂ©cret CrĂ©mieux », Revue Labyrinthe, 28, 2007-3 ; ValĂ©rie Assan, Les Consistoires israĂ©lites dâAlgĂ©rie au XIXe siĂšcle. Lâalliance de la civilisation et de la religion », Paris, Armand Colin, 2012 ; Simon Schwarzfuchs, Les Juifs dâAlgĂ©rie et la France 1830- 1855, JĂ©rusalem, Institut Ben-Zvi, 1981 ; Michael Robert Shurkin, French Nation Building, Liberalism and the Jews of Alsace and Algeria, 1815-1870, Ph. D. Yale University, 2000. [16] Michel Abitbol, La citoyennetĂ© imposĂ©e du dĂ©cret CrĂ©mieux Ă la guerre dâAlgĂ©rie », in Pierre Birnbaum dir., Histoire politique des Juifs de France, Paris, Ăditions de la FNSP, 1990, p. 198. [17] Charles-Robert Ageron, Les AlgĂ©riens musulmans et la France, Paris, PUF, 1968, p. 14. [18] Archives du ministĂšre de la Justice ci-aprĂšs FR-AMJ, C 5827. SĂ©ance du 10 janvier 1870. [19] FR-AMJ, C 5827. Dans la commission, cela a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© explicitement par lâavocat gĂ©nĂ©ral de ClĂ©ry qui met en garde contre une mesure qui donnerait Ă la population israĂ©lite un pouvoir important dans la mesure oĂč ses membres formeraient le cinquiĂšme des Ă©lecteurs, voire le tiers dans certaines rĂ©gions comme Oran. [20] D. Nadjari, op. cit., p. 86. [21] Cet aspect apparaĂźt trĂšs nettement dans lâentretien quâil a eu avec la commission dâenquĂȘte parlementaire sur les actes du gouvernement de la DĂ©fense nationale le 24 juillet 1873 Carton C/2901 Archives Nationales. Il publie en 1871 une pĂ©tition Ă lâAssemblĂ©e nationale en vue du retrait du dĂ©cret CrĂ©mieux. [22] Journal Officiel de la RĂ©publique Française JO, 3e annĂ©e, lundi 9 octobre 1871. [23] FR-AMJ, Carton 54 111, Documentation, Bureau de la NationalitĂ©. Ămile Larcher, professeur Ă lâĂcole de droit dâAlger, contesta cette interprĂ©tation du dĂ©cret Lambrecht dans son TraitĂ© Ă©lĂ©mentaire de LĂ©gislation AlgĂ©rienne, Paris-Alger, Ăd. Arthur Rousseau 1911 1re Ă©dition 1903. [24] Todd Shepard, 1962. Comment lâindĂ©pendance algĂ©rienne a transformĂ© la France, Paris, Payot, 2008 [1re Ă©dition 2006]. [25] Laure BlĂ©vis, Une citoyennetĂ© française contestĂ©e. RĂ©flexion Ă partir dâun incident antisĂ©mite en 1938 », in La justice en AlgĂ©rie 1830-1962, Association française pour lâhistoire de la justice, Paris, La Documentation Française, 2005. [26] Les rĂ©sultats du recensement de lâAlgĂ©rie de 1886 dĂ©nombrent 219 071 Français dâorigine ou naturalisĂ©s pour 203 154 EuropĂ©ens Ă©trangers. [27] Jean-Claude Vatin, Exotisme et rationalitĂ© Ă lâorigine de lâenseignement du droit en AlgĂ©rie 1879-1909 », in Vatin dir., Connaissances du Maghreb, Paris, CNRS, 1984 ; Patrick Weil, Quâest-ce quâun Français ? Histoire de la nationalitĂ© française depuis la RĂ©volution, Paris, Grasset, 2002, p. 231. Pour lâensemble du dossier, voir Centre des archives nationales dâOutre-Mer, Aix-en-Provence, F80/2043. [28] Kamel Kateb, EuropĂ©ens, IndigĂšnes » et Juifs en AlgĂ©rie âŠ, op. cit., p. 173 Ă partir de Statistique gĂ©nĂ©rale de lâAlgĂ©rie, 1926. [29] Cour de cassation, chambre civile, arrĂȘt du 22 avril 1896, Revue AlgĂ©rienne de LĂ©gislation et de Jurisprudence RA, 1896, 2e partie, pp. 203 et suivantes. Voir aussi Cass. civ 22/3/1905 â RA 1906-2-204 ; Cass Civ 22/3/1903, RA, 1906-2-11 ; Cass Cri 4 mai 1922. RA, 1927-2-166. Cf. enfin dans Archives nationales ci-aprĂšs AN, BB30/1741, le rapport de lâInspecteur gĂ©nĂ©ral adjoint des services judiciaires au Garde des Sceaux, le 8 juillet 1946. [30] 14 600 Marocains et 2 300 Tunisiens sont recensĂ©s en AlgĂ©rie, selon K. Kateb, op. cit., p. 173. [31] FR-AN, dossier de naturalisation de JosuĂ© Hassan, 11522X90 BB11/2499. [32] Maurice Eisenbeth, Les Juifs de lâAfrique du Nord. DĂ©mographie et onomastique. Alger, 1936, rééd. Cercle de gĂ©nĂ©alogie juive, Paris, 2000 [33] Gilbert Meynier, LâAlgĂ©rie rĂ©vĂ©lĂ©e. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siĂšcle, GenĂšve, Droz, 1981, p. 86.
Lajunte a nommĂ© dimanche un gouvernement de transition avec quelques signes dâouverture. D eux semaines aprĂšs la mort du prĂ©sident tchadien Idriss DĂ©by Itno, la junte au pouvoir, dirigĂ©eTensions en AlgĂ©rie la crainte du gouvernement français 000206 Si, Ă Alger, les autoritĂ©s craignent un soulĂšvement, une autre capitale suit trĂšs attentivement la situation Paris. Mardi 26 fĂ©vrier, les Ă©tudiants de la facultĂ© centrale ont manifestĂ© leur hostilitĂ© Ă un cinquiĂšme mandat du prĂ©sident Bouteflika, 81 ans et gravement malade. Une scĂšne identique s'est rĂ©pĂ©tĂ©e devant la facultĂ© de sciences politiques. Pour la France, la dĂ©stabilisation de lâAlgĂ©rie est un scĂ©nario redoutĂ© au plus haut sommet de l'Ătat pour plusieurs raisons, dont la premiĂšre est Ă©conomique. Partenaire historique, l'AlgĂ©rie est l'un des premiers fournisseurs de gaz de l'Hexagone. La France est aussi le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier employeur Ă©tranger avec salariĂ©s d'entreprises françaises. Mais, l'enjeu est Ă©galement humain. C'est l'une des principales craintes de lâĂlysĂ©e un effondrement du rĂ©gime qui engendrerait un exode de la jeunesse. "Il y aurait incontestablement un flux migratoire qui va s'accentuer, qui va alimenter le discours des populistes et des extrĂȘmes-droites", analyse Mohamed Sifaoui, journaliste et auteur de "OĂč va l'AlgĂ©rie?". Quel enjeu sĂ©curitaire?Plus grand pays dâAfrique, lâAlgĂ©rie, avec ses six frontiĂšres Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Libye et Tunisie, est un partenaire crucial de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ici aussi la France ne souhaite qu'une seule chose la stabilitĂ©. "La Libye est dĂ©stabilisĂ©e ..., la zone sahĂ©lienne ... est aussi dĂ©stabilisĂ©e. Si vous ajoutez Ă cela la dĂ©stabilisation d'un grand pays comme l'AlgĂ©rie, vous crĂ©ez forcement une dĂ©stabilisation pour l'ensemble de la rĂ©gion maghrĂ©bine", explique Mohamed Sifaoui. Entre la France et lâAlgĂ©rie, le relation politique a toujours Ă©tĂ© sensible. Mardi matin, Benjamin Griveaux a appliquĂ© le principe de prĂ©caution quant Ă la crĂ©dibilitĂ© de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika. "Vous ne trouverez aucune prise de position du gouvernement lĂ -dessus. Ce serait de l'ingĂ©rence", assure le porte parole du gouvernement. De son cĂŽtĂ©, le prĂ©sident algĂ©rien dĂ©posera le 3 mars prochain sa candidature Ă un cinquiĂšme mandat auprĂšs du Conseil constitutionnel. LâactualitĂ© par la rĂ©daction de RTL dans votre boĂźte mail. GrĂące Ă votre compte RTL abonnez-vous Ă la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualitĂ© au quotidien Sâabonner Ă la Newsletter RTL Info
LesecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ElysĂ©e Alexis Kohler a annoncĂ© la composition du gouvernement le vendredi 20 mai 2022. AFP. Par LEXPRESS.fr. PubliĂ© le 20/05/2022 Ă 08:17, mis Ă jour Ă 19:54 Date 1831 - 1907 See the context of the description Scope content Ce rĂ©pertoire des articles GGA L 1 Ă 65, qui reprĂ©sentent 9 ml, reconstitue celui qui fut dĂ©truit ou perdu. Une seule page fut retrouvĂ©e ; elle concerne les articles L 61 Ă 64. Plusieurs sous-sĂ©ries de la sĂ©rie L Ă©taient encore en aoĂ»t 2005 dĂ©pourvues de rĂ©pertoires, sans que l'on puisse prĂ©ciser si ces derniers existĂšrent bien un jour ou si cette absence est due aux destructions lors des journĂ©es » de mai 1958 Ă Alger, qui virent la foule europĂ©enne sâemparer de lâimmeuble du Gouvernement gĂ©nĂ©ral et jeter par ls fenĂȘtres des bureaux et des dossiers. Ces documents nâĂ©taient donc accessibles aux Archives nationales dâoutre-mer que par lâintermĂ©diaire de lâindex de la sĂ©rie L, Ă©laborĂ© par Emile Dermenghem et Charles UthĂ©za, et publiĂ© par Pierre Boyer, instrument de recherche extrĂȘmement prĂ©cieux mais dĂ©pourvu de dates et dâanalyses. Cet index concerne les sous-sĂ©ries L Ă 44 que les dossiers ne se prĂ©sentent pas suivant un ordre mĂ©thodique quelconque, la cotation existante par liasse puis par chemise a Ă©tĂ© respectĂ©e en raison des citations qui ont pu en ĂȘtre dĂ©jĂ faites.* Les documents concernent l'immigration en AlgĂ©rie, la colonisation fonciĂšre, les concessions de terres, les crĂ©ations de centres de colonisation, les travaux s'y rapportant et notamment les alignements de rues, les percements de routes, sous un aspect rĂ©glementaire et gĂ©nĂ©ral ainsi que des dossiers particuliers et individuels. La pĂ©riode couverte s'Ă©tend de 1831 Ă 1907, ce qui rend cette sous-sĂ©rie particuliĂšrement importante.* Les documents proviennent en grande partie de la direction gĂ©nĂ©rale des affaires civiles et financiĂšres du gouvernement gĂ©nĂ©ral de l' plusieurs dossiers offrent un caractĂšre archivistique intĂ©ressant car ils furent Ă©laborĂ©s en fait Ă Paris par deux directions - la direction des affaires de lâAlgĂ©rie du ministĂšre de la Guerre. En 1858 la 5 direction du ministĂšre de la Guerre, Ă©tait composĂ©e du 1 bureau du 2 bureau dirigĂ© par Louis Testu, du 3 bureau du 4 bureau ,- le ministĂšre de l'AlgĂ©rie et des colonies. Le ministĂšre de l'AlgĂ©rie et des colonies exista du 24 juin 1858 au 24 novembre 1860. Il comprenait trois directions, dont une direction de l'IntĂ©rieur chargĂ©e de la colonisation grĂące Ă son troisiĂšme bureau dirigĂ© par Testu. A sa crĂ©ation le ministĂšre reçut des archives du ministĂšre de la Guerre, alors que le gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie lui envoyait " " de cartons et registres. Ces derniers ne regagnĂšrent pas tous Alger en 1860. Ils sont donc Ă rapprocher des dossiers de la sĂ©rie F 80, consacrĂ©e Ă la direction spĂ©cialisĂ©e sur lâAlgĂ©rie des ministĂšres de la Guerre, de l'AlgĂ©rie et des colonies puis de lâ liasses gagnĂšrent Alger Ă la disparition du ministĂšre de lâAlgĂ©rie et des colonies en 1860, afin de servir de documents de travail au gouvernement gĂ©nĂ©ral reconstituĂ© deux ans aprĂšs sa suppression. Le gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie fut supprimĂ© par le dĂ©cret du 31 aoĂ»t 1858. Cependant deux ans plus tard le marĂ©chal PĂ©lissier fut nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral par le dĂ©cret du 24 novembre 1860 et le rĂ©tablissement rĂ©gulier du gouvernement gĂ©nĂ©ral fut rĂ©alisĂ© par le dĂ©cret du 10 dĂ©cembre 1860 qui rattachait Ă©galement de nouveau l'AlgĂ©rie au dĂ©partement de la Guerre, dotĂ© dĂ©sormais d'un "service de l'AlgĂ©rie".Certains dossiers furent Ă©laborĂ©s par le ministĂšre de la Guerre ou par le ministĂšre de lâAlgĂ©rie et des colonies, puis poursuivis par le Gouvernement gĂ©nĂ©ral de lâAlgĂ©rie. D'autres dossiers sont constituĂ©s Ă la fois du dossier tenu Ă Paris et du dossier tenu Ă Alger dans le mĂȘme temps, ce qui amĂšne Ă pouvoir consulter dans la mĂȘme liasse la minute et l'expĂ©dition d'une lettre ; le dossier d'Alger fut adressĂ© Ă Paris en 1858, les deux dossiers, rapprochĂ©s, Ă©tant transfĂ©rĂ©s Ă Alger en service producteur des dossiers a Ă©tĂ© indiquĂ© dans l'analyse. Publication Archives nationales d'outre-mer Records creator's history Service de la colonisationGouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Source of acquisition 2021-06-08 versement numĂ©ro via reprise-1000 Gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Conditions governing access Archives publiques. Archives publiques librement communicables. archives publiques Publiable sur internet Conditions governing reproduction La reproduction Ă©ventuelle des documents est soumise aux conditions fixĂ©es par le rĂšglement intĂ©rieur des Archives nationales d'outre-mer. Physical description Additional resources RĂ©pertoire numĂ©rique dĂ©taillĂ© rĂ©digĂ© par Daniel Hick, conservateur en chef, 2005, 36 p. Repository Archives nationales d'outre-mer Ă Aix-en-Provence Repository Archives nationales d'outre-mer Ă Aix-en-Provence Finding aid id FRANOM_01185 Archives nationales d'outre-mer - ANOMGouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Colonisation- ĐąĐČĐ” ĐčŐ«
- áĐČŃ áșáŐ§ŃĐŸáá«
- ŐÖŐ· ŐÏĐž Ö ŃŃŃá©ĐŸĐłĐ°Đ±Îż Ő„Ń
- ΩгОгէ ÏŐĄĐșŃĐžÏáŠáΞж
- ĐáŐ°ŃáčĐžĐœáΜ Ő€ áŐÏ Î»ŃĐșŐžÖŃĐž
Biland' activitĂ©s du SecrĂ©tariat GĂ©nĂ©ral du Gouvernement au titre de l'annĂ©e 2020 (version arabe) Conseil du Gouvernement. Le compte rendu du Conseil du Gouvernement du 21 juillet 2022. E-services. Conseil du gouvernement. Professions rĂ©glementĂ©es. Associations. Avant-projets de textes Ă commenter. rĂ©clamations relatives aux commandes publiques . commandeLe dĂ©barquement d'un corps expĂ©ditionnaire français de hommes prĂšs d'Alger, le 14 juin 1830, apparaĂźt comme une opĂ©ration de police plutĂŽt qu'une guerre de conquĂȘte coloniale. Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, les EuropĂ©ens considĂšrent Alger comme un repaire de pirates en MĂ©diterranĂ©e et souhaitent les Ă©radiquer. Ce qui n'est pas le cas de la France qui dĂ©tient plusieurs comptoirs de commerce sur la cĂŽte algĂ©rienne et pratique un fructueux trafic de cĂ©rĂ©ales Ă destination de Marseille. Cependant en 1827, les relations diplomatiques se tendent entre la France et Alger, pour une ancienne histoire de dettes...Cela vous intĂ©ressera aussiAu dĂ©but du XVIe siĂšcle, Alger est une ville portuaire peuplĂ©e de habitants ; sa population s'est fortement accrue avec l'arrivĂ©e des juifs et des musulmans expulsĂ©s d'Andalousie, aprĂšs la prise de Grenade par les rois catholiques dâEspagne, en 1492. Alger est la capitale de la rĂ©gence d'Alger », Etat autonome intĂ©grĂ© Ă l'Empire ottoman en 1519 ; le corsaire Khayr ad-Din dit Barberousse est proclamĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral d'Alger. En dotant l'AlgĂ©rie d'une organisation politique et administrative, les Turcs vont participer Ă la construction de l'entitĂ© algĂ©rienne ; ils introduisent la notion de frontiĂšres, en la sĂ©parant Ă l'est de la rĂ©gence de Tunis et Ă l'ouest du histoire dâAlgerDes annĂ©es 1520 Ă 1580, Alger s'aligne sur la politique extĂ©rieure du sultan ottoman la marine algĂ©roise constitue un appui pour la flotte ottomane basĂ©e Ă Constantinople et s'attaque essentiellement Ă l'Espagne et ses alliĂ©s. AprĂšs les annĂ©es 1580, l'Empire ottoman se retire de l'ouest mĂ©diterranĂ©en et la rĂ©gence d'Alger acquiert son autonomie de fait ; la flotte algĂ©roise dĂ©veloppe une activitĂ© corsaire systĂ©matique dirigĂ©e contre l'ensemble des puissances europĂ©ennes. C'est l'apogĂ©e de la guerre de course » jusqu'aux annĂ©es 1640 Alger s'enrichit et devient une mĂ©tropole d'environ habitants. A la fin du XVIIe siĂšcle, l'activitĂ© corsaire algĂ©roise dĂ©cline Alger est bombardĂ©e par la marine royale de Louis XIV en 1682, 1683 et 1688. Le dey d'Alger souhaite consolider la paix qu'il signe avec l'Angleterre en 1682 et avec la France en 1689. Jusqu'en 1725, la rĂ©gence d'Alger connaĂźt une phase de transition caractĂ©risĂ©e par une grande instabilitĂ© politique et par des conflits avec ses voisins tunisien et marocain ; les guerres de pillage tentent de compenser le dĂ©clin de la guerre de pĂ©riode appelĂ©e siĂšcle du blĂ© », dĂ©bute vers 1725 et va se poursuivre jusqu'en 1815. Le dey d'Alger encourage la production intensive de blĂ© pour l'exportation, sur le territoire de la rĂ©gence la France via le port de Marseille, est la principale importatrice ; les nĂ©gociants français implantĂ©s Ă Alger, deviennent les intermĂ©diaires du commerce international du blĂ© algĂ©rois. A partir des annĂ©es 1740, 90 % du blĂ© nord-africain importĂ© Ă Marseille provient d'AlgĂ©rie. DĂšs 1792, une forte hausse des prix du blĂ© Ă l'exportation est due au dĂ©clenchement des guerres de la France rĂ©volutionnaire. La domination anglaise en MĂ©diterranĂ©e, de 1805 Ă 1817, aboutit Ă une disparition de la demande française en blĂ© algĂ©rois ; le trafic de cĂ©rĂ©ales reprend et prospĂšre entre Alger et Marseille, sur la dĂ©cennie 1817-1827. Mais une histoire d'emprunts anciens en lien avec l'achat de cĂ©rĂ©ales non remboursĂ©s au dey d'Alger, conduit Ă la rupture des relations diplomatiques avec la circonstances de lâexpĂ©dition de 1830Les historiens estiment qu'il y a absence de projet colonial initial et que c'est plutĂŽt un concours de circonstances politiques qui aboutit Ă la colonisation de l'AlgĂ©rie. Plusieurs facteurs dĂ©clenchants ont Ă©tĂ© avancĂ©s le fameux coup d'Ă©ventail » donnĂ© le 30 avril 1827, par le dey Hussein au consul de France Ă Alger il provoque le blocus des cĂŽtes algĂ©riennes par la marine française dĂšs 1827 ; ce coup d'Ă©ventail fait partie d'un enchaĂźnement d'Ă©vĂ©nements diplomatiques liĂ©s Ă des dettes de la France rĂ©clamation par le dey d'Alger, du paiement de blĂ© fourni Ă la France de 1793 Ă 1798certains politiciens estiment que l'armĂ©e française doit laver son honneur aprĂšs l'Ă©chec des guerres napolĂ©oniennesle roi Charles X qui rĂšgne de septembre 1824 Ă juillet 1830 pense dĂ©tourner l'opinion publique de ses problĂšmes politiques intĂ©rieurs, en partant Ă la conquĂȘte de l' française entre dans Alger dĂ©but juillet, aprĂšs une campagne de trois semaines. La convention franco-algĂ©rienne » signĂ©e le 5 juillet 1830, confirme la prise de la ville et la capitulation du dey d'Alger contre le respect de garanties concernant les biens, les personnes, la religion et les coutumes locales par les troupes françaises. La convention ne concerne pas le territoire de l'AlgĂ©rie, ce qui ouvre la voie aux futures campagnes de conquĂȘtes et prĂ©figure ainsi la pĂ©riode coloniale française. Ce traitĂ© a des rĂ©percussions diplomatiques importantes vis-Ă -vis de l'Empire ottoman, l'Angleterre et l'Espagne. HĂ©ritant de cette encombrante conquĂȘte, le roi Louis-Philippe maintient les troupes françaises Ă Alger et l'annexion de l'AlgĂ©rie est finalement proclamĂ©e en 1834. Alternant dĂ©faites et victoires, l'armĂ©e occupe les cĂŽtes et laisse une grande partie du territoire de la rĂ©gence sous le contrĂŽle de l'Ă©mir Abd Abd el-Kader contre le gĂ©nĂ©ral BugeaudAbd el-Kader 1808-1883 domine l'ouest de l'AlgĂ©rie aux dĂ©pens de l'Empire ottoman depuis 1832 et constitue le plus redoutable adversaire de la conquĂȘte française. AprĂšs plusieurs annĂ©es d'affrontements et deux tentatives de compromis, un trĂšs long conflit Ă©clate entre 1839 et 1847. L'Ă©mir est un remarquable meneur d'hommes, maĂźtre de la guerre de partisans, il sait imaginer des plans remarquables qui font de lui un vĂ©ritable stratĂšge. Son projet est d'Ă©tablir un Etat musulman, de nationalitĂ© arabe, en territoire 1830, les Français ne connaissent pas Abd el-Kader le traitĂ© signĂ© en 1834 avec le gĂ©nĂ©ral Desmichels puis le traitĂ© de Tafna en 1837 nĂ©gociĂ© par le gĂ©nĂ©ral Bugeaud, sont une reconnaissance officielle de son pouvoir et en font l'interlocuteur privilĂ©giĂ© des Français. Le gĂ©nĂ©ral Bugeaud est envoyĂ© en AlgĂ©rie en juin 1836, avec l'ordre d'Ă©craser la rĂ©volte d'Abd el-Kader. Il remporte une premiĂšre victoire en juillet 1836 mais la rĂ©sistance des AlgĂ©riens le contraint Ă signer le traitĂ© de Tafna, le 30 mai 1837 ; par ce traitĂ©, Abd el-Kader reconnaĂźt aux Français la possession de plusieurs enclaves sur la cĂŽte algĂ©rienne Alger, BĂŽne, Oran.... RentrĂ© en France, Bugeaud dĂ©conseille la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie et prĂ©conise le maintien des territoires conquis sous statut militaire, pour Ă©viter une colonisation de peuplement ; ce statut va perdurer jusqu'en gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie en 1840, Bugeaud revient Ă Alger en fĂ©vrier 1841 auparavant adversaire de la conquĂȘte absolue en raison des moyens humains et financiers exigĂ©s, il va dĂ©sormais pleinement s'y consacrer. Il dispose pour cela de hommes et dĂ©cide d'employer des mĂ©thodes de guerre inspirĂ©es de son expĂ©rience pendant la guerre napolĂ©onienne d'Espagne 1808-1814. Il va pratiquer la politique de la terre brĂ»lĂ©e », tactique consistant Ă dĂ©truire ressources, moyens de production, infrastructures, bĂątiments afin de les rendre inutilisables par l'adversaire. Les mĂ©thodes sanglantes de contre-guĂ©rilla » prĂ©conisĂ©es par Bugeaud, sont contestĂ©es par certains de ses officiers et lui valent d'ĂȘtre interpellĂ© Ă ce sujet devant le SĂ©nat gĂ©nĂ©ral Bugeaud obtient cependant la permission d'attaquer le Maroc qui apporte un soutien militaire Ă l'Ă©mir Abd el-Kader. Le 14 aoĂ»t 1844, la victoire des Français Ă Isly oblige le sultan du Maroc Ă interrompre son aide Ă la rĂ©sistance algĂ©rienne. Bugeaud traque ensuite Abd el-Kader qui finit par se rendre en dĂ©cembre 1847. La conquĂȘte militaire se termine par l'annexion de l'AlgĂ©rie appellation officielle depuis 1839 Ă la RĂ©publique française et la crĂ©ation des dĂ©partements français d'AlgĂ©rie en dĂ©cembre par ce que vous venez de lire ?
UnedĂ©pĂȘche de l'agence France Presse datĂ©e du Caire, et diffusĂ©e samedi peu aprĂšs 14 heures, indique que d'aprĂšs une source proche du " gouvernement provisoire algĂ©rien " on s'attend ĂAux originesIIIe siĂšcle av. Massinissa unifie les royaumes numides berbĂšres des Massyles et des Massaesyles et fait de Cirta Constantine sa capitale. 112-105 av. RĂ©bellion de Jughurta, petit-fils de Massinissa, contre Rome. 347 Les tribus berbĂšres insurgĂ©es sâallient aux donatistes, une secte chrĂ©tienne opposĂ©e Ă Rome. 354 Naissance de saint Augustin Ă Thagaste Souk Ahras, dans le nord-est de lâAlgĂ©rie. 439-533 Les Vandales rĂšgnent sur le Maghreb romain. 533 DĂ©but de la domination byzantine. 711 Les Arabes sont maĂźtres de lâensemble du Maghreb, qui devient une province omeyyade. Les populations se convertissent Ă lâislam. 742 RĂ©volte kharijite secte musulmane contre le pouvoir central. 911 Destruction du royaume berbĂšre de Tahert rĂ©gion dâOran par les armĂ©es fatimides. 1453 Prise de Constantinople par les Ottomans. 1587 LâAlgĂ©rie devient une rĂ©gence dĂ©pendant de lâEmpire ottoman. 1804-1827 SoulĂšvements tribaux et confrĂ©riques Ă travers toute lâAlgĂ©rie. 1827 29 avril A la suite dâune dispute au sujet dâune dette française impayĂ©e, le dey dâAlger convoque le consul de France. Crise diplomatique franco-algĂ©rienne. 1830 14 juin Les troupes françaises dĂ©barquent Ă Siddi-Ferruch. AprĂšs la prise dâAlger, le 5 juillet, le dey Hussein Khodja signe la capitulation. 1832 En novembre, lâĂ©mir Abd El-Kader proclame le djihad contre les Français. 1837 La France reconnaĂźt par le traitĂ© de la Tafna, signĂ© le 30 mai, la souverainetĂ© dâAbd El-Kader sur les deux tiers de lâAlgĂ©rie. Elle conserve toutefois plusieurs possessions », dont Alger, Blida et Oran. Le 13 octobre, les troupes françaises sâemparent de Constantine. 1843 Prise de la smalah dâAbd El-Kader par le duc dâAumale, en mai, et massacres de populations civiles par les Français. 1844 14 aoĂ»t Victoire française Ă la bataille de lâIsly, prĂšs dâOujda. 1847 23 dĂ©cembre. Abd El-Kader se rend. 1848 12 novembre LâAlgĂ©rie est officiellement proclamĂ©e territoire français ». La francisation »1850-1870 Insurrections dans les AurĂšs et en Kabylie, rĂ©primĂ©es dans le sang. La famine ravage lâAlgĂ©rie entre 1866 et 1868. 1870 Le dĂ©cret CrĂ©mieux, promulguĂ© le 24 octobre, accorde la nationalitĂ© française aux Juifs dâAlgĂ©rie. 1871 DĂ©but de la rĂ©volte kabyle des frĂšres Mokrani, en mars, contre les projets de confiscation des terres. Mokrani est tuĂ© le 5 mai. PrĂšs de 500 000 hectares de terres sont confisquĂ©s et attribuĂ©s aux colons. 1881 Jules Ferry fait adopter en juin le code de lâindigĂ©nat, qui instaure un rĂ©gime juridique spĂ©cial pour les AlgĂ©riens de confession musulmane. LâAlgĂ©rie est entiĂšrement intĂ©grĂ©e Ă la France par le systĂšme des rattachements ». 1889 La loi du 26 juin accorde la nationalitĂ© française Ă tous les descendants dâEuropĂ©ens prĂ©sents en AlgĂ©rie, mais pas aux musulmans. 1912 Les musulmans sont astreints au service militaire en vertu de dĂ©crets promulguĂ©s en janvier. 1914-1918 Sur les cent soixante-treize mille soldats appelĂ©s et engagĂ©s dâAlgĂ©rie, vingt-cinq mille AlgĂ©riens musulmans et vingt-deux mille EuropĂ©ens sont tuĂ©s au cours de la premiĂšre guerre mondiale. 1916 SoulĂšvements dans la rĂ©gion de Constantine. 1926 CrĂ©ation, le 20 juin Ă Paris, de lâEtoile nord-africaine ENA, dont Ahmed Messali Messali Hadj est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le mouvement, qui rĂ©clame lâ indĂ©pendance de lâAfrique du Nord », sera interdit en 1929. 1927 Naissance de lâAssociation des Ă©tudiants musulmans nord-africains AEMNA, prĂ©sidĂ©e par Ferhat Abbas. 1933 Messali Hadj reconstitue lâENA, qui sera Ă nouveau dissoute en 1937 par le gouvernement du Front populaire. 1936 En novembre, le projet Blum-Viollette sur lâoctroi de la pleine citoyennetĂ© française Ă une Ă©lite de vingt et un mille AlgĂ©riens musulmans est refusĂ© par les colons et par les indĂ©pendantistes. 1937 Messali Hadj crĂ©e le 11 mars, Ă Alger, le Parti du peuple algĂ©rien PPA. 1939 En septembre, le PPA est dissous, et ses principaux leaders sont arrĂȘtĂ©s. 1940 Le dĂ©cret CrĂ©mieux est aboli par le rĂ©gime de Vichy en octobre. 1942 DĂ©barquement alliĂ© Ă Alger. 1943 Ferhat Abbas prĂ©sente en mai le Manifeste du peuple algĂ©rien, qui revendique lâĂ©galitĂ© totale entre musulmans et EuropĂ©ens dâAlgĂ©rie. Le texte est rejetĂ© par le ComitĂ© français de la libĂ©ration nationale CFLN, formĂ© Ă Alger le 3 juin. En dĂ©cembre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle annonce dans un discours prononcĂ© Ă Constantine une sĂ©rie de rĂ©formes concernant les droits civiques des AlgĂ©riens. 1944 Le 7 mars, de Gaulle signe une ordonnance qui supprime le code de lâindigĂ©nat et accorde la citoyennetĂ© française Ă soixante-cinq mille AlgĂ©riens. La guerre dâindĂ©pendance 1945 Le 8 mai, la rĂ©pression dâĂ©meutes au cours desquelles une centaine dâEuropĂ©ens sont tuĂ©s fait plusieurs milliers de morts entre 15 000 et 45 000 selon les estimations parmi les AlgĂ©riens dans les rĂ©gions de SĂ©tif, Guelma et Kherrata. 1946 Ferhat Abbas fonde lâUnion dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien UDMA en mai, et Messali Hadj le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques MTLD en octobre. Ce dernier obtient cinq siĂšges de dĂ©putĂ© aux Ă©lections lĂ©gislatives de novembre. 1947 Naissance, le 15 fĂ©vrier, de lâOrganisation spĂ©ciale, un groupuscule clandestin pour la lutte armĂ©e en AlgĂ©rie mis sur pied par le MTLD. Le 20 septembre, lâAssemblĂ©e nationale adopte le statut de lâAlgĂ©rie », qui prĂ©voit notamment la crĂ©ation dâune assemblĂ©e algĂ©rienne comprenant des reprĂ©sentants europĂ©ens et non europĂ©ens. Tous les dĂ©putĂ©s musulmans algĂ©riens le rejettent. 1954 En avril, un groupe de militants du Parti du peuple algĂ©rien PPA dĂ©terminĂ©s Ă entrer dans la lutte armĂ©e en constituant un front commun crĂ©ent le ComitĂ© rĂ©volutionnaire pour lâunitĂ© et lâaction CRUA, transformĂ© en Front de libĂ©ration nationale FLN le 1er novembre dĂ©but de la guerre dâindĂ©pendance. En dĂ©cembre, les partisans de Messali Hadj crĂ©ent le Mouvement national algĂ©rien MNA. 1955 Le Parlement français vote lâĂ©tat dâurgence en avril. Le 20 aoĂ»t, des milliers de paysans de la rĂ©gion de Constantine se soulĂšvent. DĂ©bats aux Nations unies 27-30 septembre sur la question algĂ©rienne ». 1956 Le 16 mars, lâAssemblĂ©e nationale accorde les pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement de Guy Mollet. Le premier congrĂšs du FLN, dans la vallĂ©e de la Soummam, le 20 aoĂ»t, aboutit Ă la crĂ©ation du ComitĂ© national de la rĂ©volution algĂ©rienne CNRA. A la fin de lâannĂ©e, on compte plus dâun demi-million de soldats français en AlgĂ©rie. 1957 Janvier-octobre. Bataille dâAlger. LâarmĂ©e française gĂ©nĂ©ralise lâusage de la torture. 1958 Le 13 mai, lâarmĂ©e prend le pouvoir en AlgĂ©rie et crĂ©e le ComitĂ© de salut public, dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Jacques Massu. Le 1er juin, Ă Paris, le gĂ©nĂ©ral Charles de Gaulle est investi comme prĂ©sident du conseil premier ministre. Le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne GPRA, avec Ă sa tĂȘte Ferhat Abbas, est formĂ© le 19 septembre. De Gaulle propose la paix des braves » aux insurgĂ©s algĂ©riens en octobre. Il devient le premier prĂ©sident de la Ve RĂ©publique le 21 dĂ©cembre. 1959 De Gaulle reconnaĂźt, au cours dâune allocution prononcĂ©e le 16 septembre, le droit Ă lâautodĂ©termination des AlgĂ©riens par la voie du rĂ©fĂ©rendum. 1960 Semaine des barricades » Ă Alger le 24 janvier, des colons dirigĂ©s par Pierre Lagaillarde appellent au soulĂšvement des EuropĂ©ens au nom de lâAlgĂ©rie française. Ils se rendent le 1er fĂ©vrier. Le 5 septembre sâouvre le procĂšs du rĂ©seau dâaide au FLN animĂ© par Francis Jeanson. Des intellectuels favorables Ă lâindĂ©pendance publient le Manifeste des 121 ». Le 19 dĂ©cembre, lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies reconnaĂźt le droit de lâAlgĂ©rie Ă lâindĂ©pendance. LâindĂ©pendance1961 Le 8 janvier, le rĂ©fĂ©rendum sur la politique dâautodĂ©termination voit un large succĂšs du oui », en France comme en AlgĂ©rie. En fĂ©vrier, des activistes europĂ©ens constituent lâOrganisation armĂ©e secrĂšte OAS. Echec du putsch des gĂ©nĂ©raux » en avril. Le 17 octobre, la rĂ©pression policiĂšre dâune manifestation algĂ©rienne pacifique Ă Paris fait une centaine de morts. 1962 Le 8 fĂ©vrier, Ă Paris, les forces de lâordre chargent un rassemblement contre lâOAS, tuant neuf Français Ă la station de mĂ©tro Charonne. Lâenterrement des victimes, le 13, rassemble un demi-million de manifestants. La signature des accords dâEvian, le 18 mars, est suivie dâun cessez-le-feu dĂšs le lendemain. LâindĂ©pendance de lâAlgĂ©rie sera ratifiĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, en France le 8 avril et en AlgĂ©rie le 1er juillet. Le 5 juillet, lâAlgĂ©rie proclame son indĂ©pendance. DĂ©but de lâexode des EuropĂ©ens dâAlgĂ©rie. Le bilan de la guerre est de 300 000 Ă 600 000 morts selon les sources. Le 22 juillet, M. Ahmed Ben Bella, soutenu par le colonel Houari BoumediĂšne, qui commande lâArmĂ©e nationale populaire ANP, forme Ă Tlemcen un Bureau politique contre le GPRA, installĂ© Ă Alger. En septembre, lâANP entre dans la capitale. M. Ben Bella prend la tĂȘte du gouvernement le 29 septembre. 1963 La Constitution est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 8 septembre. Instauration dâun rĂ©gime de parti unique. M. Ben Bella est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique le 15 septembre. M. Hocine AĂŻt Ahmed crĂ©e quelques jours plus tard le Front des forces socialistes FFS et entre en dissidence en Kabylie. 1964 Les troupes françaises se retirent dâAlgĂ©rie en juin, mais restent prĂ©sentes Ă Mers El-KĂ©bir et au Sahara. 1965 Le colonel BoumediĂšne renverse M. Ben Bella le 19 juin. La Constitution est abrogĂ©e en juillet. 1966 Nationalisation des mines et des compagnies dâassurances Ă©trangĂšres en mai. Signature dâaccords de coopĂ©ration avec la France. 1967 LâarmĂ©e française quitte les bases de Reggane et BĂ©char en mai. En juin, lâAlgĂ©rie rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis Ă la suite de la guerre entre IsraĂ«l et les armĂ©es arabes. Coup dâEtat avortĂ© contre BoumediĂšne en dĂ©cembre. 1968 Les Français Ă©vacuent la base de Mers El-KĂ©bir en janvier. 1971 Nationalisation des hydrocarbures le 24 fĂ©vrier lâEtat acquiert 51 % des avoirs des sociĂ©tĂ©s pĂ©troliĂšres françaises prĂ©sentes en AlgĂ©rie. En novembre, le gouvernement lance la rĂ©volution agraire » et la gestion socialiste des entreprises » GSE. 1973 Septembre. Le IVe sommet des pays non alignĂ©s se tient Ă Alger. 1974 Dans un discours prononcĂ© aux Nations unies, en avril, BoumediĂšne prĂŽne lâinstauration dâun nouvel ordre Ă©conomique international. 1975 Visite de Giscard dâEstaing, en avril, la premiĂšre dâun prĂ©sident français depuis lâindĂ©pendance. Elle confirme lâampleur des divergences entre les deux pays. 1976 La Charte nationale est approuvĂ©e le 27 juin par rĂ©fĂ©rendum et la Constitution le 27 novembre. BoumediĂšne, unique candidat en lice, est Ă©lu prĂ©sident en dĂ©cembre. Vers la guerre civile 1978 27 dĂ©cembre. Mort de BoumediĂšne. 1979 7 fĂ©vrier. Le colonel Chadli Bendjedid est Ă©lu prĂ©sident. 1980 Printemps berbĂšre » Ă©meutes Ă travers toute la Kabylie, en avril, pour la reconnaissance de la culture berbĂšre. 1981 François Mitterrand, qui se rend Ă Alger en novembre, propose que les rapports franco-algĂ©riens soient un symbole des relations nouvelles entre le Nord et le Sud ». Trois mois plus tard, les deux pays signent un accord sur le gaz. 1983 Visite du prĂ©sident Chadli Ă Paris, en novembre, la premiĂšre dâun chef dâEtat algĂ©rien depuis lâindĂ©pendance. 1984 M. Bendjedid est réélu le 12 janvier. Adoption, en juin, du code du statut personnel et de la famille, particuliĂšrement rĂ©actionnaire. 1986 Manifestations Ă©tudiantes Ă SĂ©tif et Ă Constantine en novembre. 1988 De violentes Ă©meutes Ă Alger et dans le reste du pays, du 4 au 10 octobre, font plusieurs centaines de victimes 600 morts selon un bilan officieux. LâĂ©tat de siĂšge est dĂ©clarĂ©. M. Bendjedid est réélu en dĂ©cembre aprĂšs avoir promis des rĂ©formes politiques et Ă©conomiques. 1989 Une nouvelle Constitution, qui ouvre la voie au multipartisme, est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 23 fĂ©vrier. Le Front islamique du salut FIS, créé le 18 fĂ©vrier et dirigĂ© par MM. Abassi Madani et Ali Belhadj, est lĂ©galisĂ© en septembre. 1990 Fin de la rĂ©forme agraire. 12 juin. Le FIS remporte une large victoire aux Ă©lections municipales et rĂ©gionales, premiers scrutins libres depuis lâindĂ©pendance. Le gĂ©nĂ©ral Khaled Nezzar est nommĂ© ministre de la dĂ©fense en juillet. 1991 Le 23 mai, le FIS appelle Ă une grĂšve illimitĂ©e. Les affrontements entre forces de lâordre et militants du FIS font des dizaines de morts. Le premier ministre Mouloud Hamrouche, dĂ©missionnaire, est remplacĂ© par M. Sid Ahmed Ghozali le 5 juin. Le 26 dĂ©cembre, le premier tour des Ă©lections lĂ©gislatives est remportĂ© par le FIS avec 47 % des suffrages. 1992 Le prĂ©sident Bendjedid, soupçonnĂ© de complaisance envers le FIS, est contraint Ă la dĂ©mission le 11 janvier. Le 14, il est remplacĂ© par un Haut ComitĂ© dâEtat HCE, dirigĂ© par Mohamed Boudiaf. Le second tour des Ă©lections est annulĂ©. Les violences qui sâensuivent font prĂšs de soixante-dix morts. Le HCE proclame lâĂ©tat dâurgence le 9 fĂ©vrier et dissout le FIS le 4 mars. Le 29 juin, Boudiaf est assassinĂ© Ă Annaba. Le 26 aoĂ»t, un attentat Ă la bombe dans lâaĂ©rogare dâAlger, attribuĂ© aux islamistes, fait huit morts et une centaine de blessĂ©s. DĂ©but de la dĂ©cennie noire ». 1993 LâĂ©tat dâurgence est prorogĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e le 7 fĂ©vrier. On estime Ă quinze mille le nombre de personnes tuĂ©es en un an. RĂ©conciliation »1994 Le gĂ©nĂ©ral Liamine Zeroual est nommĂ© aux commandes de lâEtat le 30 janvier par le HCE. Apparition des Groupes islamiques armĂ©s GIA, dont se dĂ©marque lâex-FIS. 1995 Le 13 janvier, les principales formations de lâopposition, islamistes compris, signent Ă Rome un contrat national » appelant notamment Ă lâarrĂȘt des violences. Le pouvoir rejette le texte. Le gĂ©nĂ©ral Zeroual remporte lâĂ©lection prĂ©sidentielle dĂšs le premier tour, le 16 novembre, avec plus de 60 % des suffrages. 1996 La rĂ©forme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du prĂ©sident de la RĂ©publique et interdisant les partis religieux et rĂ©gionalistes est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 13 novembre, avec plus de 85 % des voix. 1997 Le 24 septembre, lâArmĂ©e islamique du salut AIS, bras armĂ© de lâex-FIS et opposĂ©e aux GIA, annonce une trĂȘve Ă partir du 1er octobre. Le 23 octobre, aprĂšs avoir remportĂ© les Ă©lections lĂ©gislatives de juin, le Rassemblement national dĂ©mocratique RND de M. Zeroual obtient plus de 55 % des siĂšges des assemblĂ©es communales. La rĂ©pression va crescendo. 1998 En septembre, M. Zeroual annonce sa volontĂ© de dĂ©missionner et la tenue dâune Ă©lection prĂ©sidentielle anticipĂ©e. 1999 Le 15 avril, M. Abdelaziz Bouteflika remporte lâĂ©lection prĂ©sidentielle avec 73,8 % des suffrages. Lâopposition dĂ©nonce des fraudes massives. Le 6 juin, lâAIS proclame lâarrĂȘt dĂ©finitif de ses opĂ©rations. Le 18 aoĂ»t, le Mouvement algĂ©rien des officiers libres MAOL, créé en 1998, appelle Ă poursuivre en justice les gĂ©nĂ©raux responsables de la tragĂ©die » algĂ©rienne. La loi de concorde civile » est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 16 septembre, par plus de 98 % des voix. 2001 Emeutes sanglantes en Kabylie, en avril, aprĂšs la mort dâun lycĂ©en dans une gendarmerie. Dâimportantes manifestations ont lieu Ă Tizi Ouzou et Ă 3 octobre, le gouvernement prĂ©sente un projet de rĂ©forme visant Ă officialiser la langue berbĂšre tamazight. Signature, le 19 dĂ©cembre, dâun accord dâassociation entre lâAlgĂ©rie et lâUnion europĂ©enne. 2002 Le 8 avril, le tamazight est reconnu langue nationale â mais non officielle â par le Parlement. Le FLN remporte les Ă©lections lĂ©gislatives du 30 mai, boycottĂ©es par les partis kabyles. 2003 Les anciens leaders du FIS, MM. Madani et Belhadj, sont libĂ©rĂ©s et appellent Ă la fin de la lutte armĂ©e le 25 aoĂ»t. 2004 M. Bouteflika obtient 85 % des suffrages Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle du 8 avril. Le gouvernement signe un accord de partenariat stratĂ©gique avec la France en juillet. 2005 La Charte pour la paix et la rĂ©conciliation nationale est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 29 septembre, Ă plus de 97 % des voix. Le bilan de treize ans de violences est estimĂ© entre 150 000 et 200 000 morts et des milliers de disparus. 2007 Le FLN remporte les Ă©lections lĂ©gislatives organisĂ©es en mai. Le 9 juin, Alger et Washington concluent un accord sur le dĂ©veloppement du nuclĂ©aire civil. AprĂšs un automne particuliĂšrement meurtrier prĂšs de 80 morts lors dâattentats et dâaffrontements entre islamistes et forces de sĂ©curitĂ©, un double attentat-suicide dans la capitale, le 11 dĂ©cembre, fait quarante et une victimes. 2008 Le 8 juin, lâexplosion de deux bombes visant le convoi dâune entreprise française, prĂšs dâAlger, tue douze personnes, dont un ingĂ©nieur français. Recrudescence des attentats en aoĂ»t. Le 12 novembre, M. Bouteflika fait rĂ©viser la Constitution afin de briguer un troisiĂšme mandat. Il est réélu six mois plus tard avec plus de 90 % des suffrages, les principaux partis dâopposition ayant appelĂ© Ă boycotter le scrutin prĂ©sidentiel. 2011 Du 3 au 10 janvier, des Ă©meutes contre le pouvoir et contre la vie chĂšre font cinq morts et plus de huit cents blessĂ©s. Le gouvernement dĂ©cide de baisser les prix de plusieurs denrĂ©es de base, comme le sucre ou lâ 12 fĂ©vrier, une marche dans la capitale, rĂ©unissant deux mille manifestants Ă lâinitiative de la Coordination nationale pour le changement et la dĂ©mocratie CNCD, est bloquĂ©e par trente mille policiers. Le 15 avril, il promet une sĂ©rie de rĂ©formes politiques. La nouvelle loi sur lâinformation, adoptĂ©e le 12 septembre, met fin au monopole de lâEtat sur lâaudiovisuel et consacre lâouverture du secteur au privĂ©. Le dĂ©lit de presse est dĂ©pĂ©nalisĂ©. Le gouvernement sâengage Ă©galement Ă conforter le pluralisme dĂ©mocratique ». Le 3 novembre, les dĂ©putĂ©s rejettent le projet de loi sur la reprĂ©sentativitĂ© des femmes au Parlement et dans les assemblĂ©es locales, prĂ©sentĂ© en aoĂ»t par M. Bouteflika. Le texte initial portait le quota de femmes de 7 % Ă 30 %. La nouvelle mouture, qui prĂ©voit une reprĂ©sentation variable selon la taille des circonscriptions, rĂ©duit de fait la possibilitĂ© pour les femmes dâĂȘtre Ă©lues. Surle moment, la « Toussaint rouge » (1er novembre 1954) passe inaperçue dans l'opinion française et les autoritĂ©s tardent Ă rĂ©agir. Le 25 janvier 1955, le prĂ©sident du Conseil Pierre MendĂšs France nomme au gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie l'ethnologue Jacques Soustelle (44 ans), homme de gauche, pacifiste, rĂ©sistant et gaulliste de la premiĂšre heure.
par Gilles Manceron et Fabrice RiceputiUn recours a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au Conseil dâEtat le 23 septembre 2020 pour quâil abroge un texte rĂ©glementaire qui contredit la loi en entravant lâaccĂšs aux archives, notamment des guerres dâIndochine et dâAlgĂ©rie. Le 15 novembre 2020, le gouvernement, en contradiction avec les promesses faites par le prĂ©sident de la RĂ©publique en septembre 2018, a publiĂ© un arrĂȘtĂ© qui confirme ces entraves. LâAssociation des archivistes français, celle des historiens contemporanĂ©istes de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche et lâAssociation Josette et Maurice Audin, qui ont Ă©tĂ© Ă lâorigine de ce recours, vont en introduire un 27 mars 2020, une rencontre devait prĂ©senter un guide des archives sur les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie rĂ©sultant des promesses prĂ©sidentielles. ReportĂ©e au 4 dĂ©cembre en visioconfĂ©rence, tout indique qu'elle a Ă©tĂ© lâobjet dâune reprise en main par le gouvernement. Elle devrait ĂȘtre lâoccasion pour les archivistes et historiens dâexprimer leur protestation contre ces 13 septembre 2018 le prĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, a publiĂ© une dĂ©claration quâil a remise personnellement Ă Josette Audin, la veuve de Maurice Audin assassinĂ© en 1957 durant la guerre d'AlgĂ©rie par des militaires français qui le dĂ©tenaient, reconnaissant la responsabilitĂ© de lâĂtat dans ce crime. Et aussi lâexistence dâun systĂšme ayant produit beaucoup dâautres disparitions a Ă©galement annoncĂ© lâouverture des archives sur tous les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie aussi le travail de mĂ©moire ne sâachĂšve-t-il pas avec cette dĂ©claration. Cette dĂ©claration visait notamment Ă encourager le travail historique sur tous les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie, français et algĂ©riens, civils et militaires. Une dĂ©rogation gĂ©nĂ©rale, dont les contours seront prĂ©cisĂ©s par arrĂȘtĂ©s ministĂ©riels aprĂšs identification des sources disponibles, ouvrira Ă la libre consultation tous les fonds dâarchives de lâĂtat qui concernent ce sujet. »DĂšs le lendemain de cette dĂ©claration, le site a Ă©tĂ© créé pour documenter les milliers dâautres disparitions dâAlgĂ©riens qui ont eu lieu pendant la grande rĂ©pression quâon a appelĂ© la Bataille dâAlger ». La journĂ©e dâĂ©tude le 20 septembre 2019 Ă lâAssemblĂ©e nationale sur Les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie du fait des forces de lâordre françaises vĂ©ritĂ© et justice », dont les dĂ©bats ont Ă©tĂ© filmĂ©s et dont les Actes ont Ă©tĂ© publiĂ©s en ligne, a soulignĂ© lâurgence de cette ouverture des archives. Deux annĂ©es plus tard, ce nâest toujours pas le mĂȘme un phĂ©nomĂšne inverse sâest produit. A partir de dĂ©cembre 2019, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la dĂ©fense et de la sĂ©curitĂ© nationale SGDSN, un organisme assez opaque dĂ©pendant de Matignon, a exigĂ© des archivistes une application pointilleuse de lâarticle 63 dâune instruction gĂ©nĂ©rale interministĂ©rielle lâIGI 1300 » qui prĂ©tend rĂ©glementer la communication aux lecteurs des piĂšces dâarchives classifiĂ©es ».Ce texte ministĂ©riel de dĂ©cembre 2011, datant de la fin de la prĂ©sidence de Nicolas Sarkozy et qui nâĂ©tait souvent pas appliquĂ© Ă la lettre car il rendait impossible les recherches, a interdit la consultation de documents frappĂ©s du tampon secret-dĂ©fense », bien que la loi dispose quâils sont communicables de plein droit » sâils remontent Ă plus de cinquante ans. En dĂ©cembre 2019, un dĂ©cret gouvernemental a imposĂ© aux archivistes la dĂ©classification prĂ©alable » obligatoire des documents tamponnĂ©s sous peine de lourdes riposte des historiens et des archivistesIndignation aussitĂŽt des historiens dont certaines recherches Ă©taient rendues, de fait, impossibles. Et aussi des archivistes obligĂ©s de faire un tri prĂ©alable et de demander, avant de communiquer ceux pourvus de tampons, une dĂ©classification » Ă lâinstitution Ă©mettrice, câest-Ă -dire le plus souvent Ă lâarmĂ©e. Ce processus trĂšs lourd de dĂ©classification » - car toutes les unitĂ©s apposaient abondamment sur leurs documents des tampons secret » - a entrainĂ© le recrutement par le ministĂšre des ArmĂ©es des centaines de personnels supplĂ©mentaires pour opĂ©rer ce travail coĂ»teux et inutile au regard de la le dĂ©pĂŽt, le 23 septembre 2020, par lâAssociation des archivistes français AAF, celle des historiens contemporanĂ©istes de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche AHCESR et lâAssociation Josette et Maurice Audin, dâune requĂȘte au Conseil dâEtat lui demandant de mettre fin Ă cette situation illĂ©gale et absurde. Un film, AprĂšs lâaffaire Audin. Les disparus et les archives de la guerre dâAlgĂ©rie » a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par François Demerliac pour retracer le contexte et le dĂ©roulement de leur question est remontĂ©e jusquâau prĂ©sident de la RĂ©publique puisque lors de sa confĂ©rence de presse, le 2 octobre, aux Mureaux, il a dĂ©clarĂ© jâai Ă©tĂ© saisi par plusieurs historiens des difficultĂ©s quâils rencontraient pour lâaccĂšs aux archives et donc jâai demandĂ© que des clarifications me soient apportĂ©es, et, dans les prochaines semaines, je rĂ©pondrai Ă ces clarifications qui me sont demandĂ©es par plusieurs historiens 1 ». Et, lors de la cĂ©rĂ©monie du 11 novembre au PanthĂ©on, un dialogue a Ă©tĂ© enregistrĂ© involontairement par France tĂ©lĂ©vision entre Emmanuel Macron et Jean-NoĂ«l Jeanneney, auquel le chef de lâĂ©tat-major particulier du prĂ©sident de la RĂ©publique, lâamiral Rolland, a Ă©tĂ© associĂ©, qui a donnĂ© lâimpression que le prĂ©sident Ă©tait prĂȘt Ă entendre les historiens et Ă renouer avec ses promesses de septembre 2018 2.Le passage en force » du gouvernement de Jean CastexMais câest le contraire qui est indique que le gouvernement a voulu passer en force », poussĂ© par certains responsables de lâarmĂ©e qui nâont pas acceptĂ© la dĂ©claration prĂ©sidentielle de septembre 2018 et ont voulu, en la matiĂšre, imposer leur volontĂ© aux autoritĂ©s civiles du ministĂšre de la Culture et des Archives peut-ĂȘtre aussi par la SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du gouvernement qui Ă©tait prĂ©cĂ©demment Ă la tĂȘte du SGDSN. Le 1er novembre, au journal de 20 heures de TF1, le premier ministre, Jean Castex, sâest distinguĂ© nettement des propos tenus Ă plusieurs reprises par le prĂ©sident de la RĂ©publique sur le passĂ© colonial de la France Je veux dĂ©noncer toutes les compromissions quâil y a eues pendant trop dâannĂ©es, [âŠ] nous devrions nous autoflageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore » â dĂ©claration dont sâest dĂ©marquĂ©e publiquement la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui sâest dĂ©clarĂ©e plus proche sur ce sujet du prĂ©sident de la RĂ©publique 3.Et le 15 novembre 2020, un arrĂȘtĂ© ministĂ©riel est paru qui a confirmĂ© le principe dâune obligation de dĂ©classification prĂ©alable » pour les documents tamponnĂ©s secret » pourtant lĂ©galement consultables, un arrĂȘtĂ© annoncĂ© depuis plusieurs mois mais dont on pouvait espĂ©rer que le dĂ©pĂŽt du recours au Conseil dâEtat avait dissuadĂ© le gouvernement de publier. ArrĂȘtĂ© qui a Ă©tĂ© immĂ©diatement repris par un certain nombre de sites de lâarmĂ©e et critiquĂ© par le compte Twitter Archives ça dĂ©bloque ! » du collectif qui a lancĂ© cette arrĂȘtĂ© prolonge lâIGI 1300 avec quelques amendements. Il place Ă 1934 dans la nouvelle IGI la date dâouverture des archives alors que la loi et le code du patrimoine disposent que celles de plus de 50 ans sont librement communicables - soit, en 2020, toutes celles antĂ©rieures Ă date de 1934 introduite par cet arrĂȘtĂ© dans lâIGI 1300 reprĂ©sente mĂȘme un recul par rapport Ă ce qui se pratiquait, par exemple, depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2020 au Service historique de la dĂ©fense 4. Par ailleurs, aucun dĂ©lai de rĂ©ponse nâencadre lâĂ©ventuelle dĂ©classification » dâarchives demandĂ©es par un lecteur. Et cet arrĂȘtĂ© permet mĂȘme que des documents qui nâavaient pas Ă©tĂ© tamponnĂ©s secret » pourront ĂȘtre classifiĂ©s » a posteriori ! Câest un renforcement honteux du rĂšgne de lâ ministĂ©riel du 15 novembre 2020 va faire lâobjet de la part des trois mĂȘmes associations dâune nouvelle requĂȘte au Conseil dâEtat, qui sera jointe par lui Ă celle dĂ©posĂ©e le 23 septembre. Elle demandera clairement que soit retirĂ© de cette IGI tout ce qui conduit Ă imposer une procĂ©dure de dĂ©classification » de documents dâarchives publiques communicables de plein nombreux soutiens dans le mondeCette mobilisation reçoit un vif soutien des historiens et archivistes et de journaux dâautres pays. Le Conseil international des archives AIC, organisme rattachĂ© Ă lâUnesco, leur a apportĂ© son appui. Dans son ouvrage Archives and Human Rights qui paraĂźtra en Grande Bretagne chez lâĂ©diteur Rootledge en mars 2021, lâAIC a souhaitĂ© faire figurer un texte des historiens français Gilles Manceron et Gilles Morin, France - La demande de rendre accessibles les archives des guerres coloniales et en particulier de la guerre dâAlgĂ©rie », qui explique les mĂ©canismes qui font actuellement obstacle en France Ă lâaccĂšs Ă ces nombreux autres soutiens ont Ă©tĂ© exprimĂ©s Ă lâĂ©tranger, en particulier dans la presse algĂ©rienne. Aux Etats-Unis, lâimportante American Historical Association soutient cette mobilisation des historiens et archivistes français et appuie leurs recours introduits devant le Conseil dâ questions Ă©crites ou orales ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© posĂ©es au Premier ministre par des dĂ©putĂ©s et des sĂ©nateurs et de nouvelles vont lâĂȘtre prochainement par dâautres. Des rencontres des associations requĂ©rantes sont prĂ©vues avec la Commission des affaires culturelles du SĂ©nat et avec la ministre de la Culture, dont dĂ©pendent les services publics dâarchives - câest du moins ce que prĂ©voit la RĂ©publique, mĂȘme si certains responsables de lâarmĂ©e voudraient se substituer dans ce domaine Ă ceux de la occasion, le 4 dĂ©cembre, dâinterpeler le gouvernementPar ailleurs, en mars 2020, un guide sur les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie dans les archives publiques françaises a Ă©tĂ© mis en ligne sur le site de France-Archives grĂące Ă un travail important dans un dĂ©lai trĂšs court dâarchivistes des Archives nationales. Mais prĂšs de 90% des rĂ©fĂ©rences dâarchives indiquĂ©es nâouvrent sur aucun inventaire de fonds dâarchives des Archives nationales, mais seulement sur lâinformation document non trouvĂ© ».Ce guide a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans lâurgence par des archivistes non spĂ©cialistes de la pĂ©riode et sans quâil soit fait appel Ă des historiens spĂ©cialistes. Le rĂ©sultat nâest pas Ă la mesure des besoins. Dans son Ă©tat actuel, ce guide est inexploitable. La prĂ©sentation a Ă©tĂ© traduite en anglais et en arabe, mais la liste des fonds et les liens vers les inventaires en ligne sont exclusivement en français. Par ailleurs, sans la crĂ©ation dâune cellule administrative dâaccueil des familles dâAlgĂ©riens souhaitant, suite Ă la dĂ©claration du PrĂ©sident de la RĂ©publique de septembre 2018, faire des recherches sur leurs proches disparus durant la guerre dâAlgĂ©rie, celles-ci ne pourront trouver aucun renseignement Ă leur sujet avec le seul secours de ce peu dâarchivistes seront en mesure de les renseigner dans la langue quâils maitrisent. Par exemple, comme lâa expliquĂ© la responsable des Archives nationales dâoutre-mer ANOM lors du Forum sur La transparence des archives » organisĂ© en fĂ©vrier 2019 Ă Saint-Etienne par lâAAF, aucun des archivistes des ANOM nâest lâa Ă©crit RaphaĂ«lle Branche, La montagne a accouchĂ© dâune souris. [âŠ] LĂ oĂč il aurait fallu ouvrir largement les portes, on entrouvre certaines fenĂȘtres, tandis quây sont ajoutĂ©s les barreaux dâune dĂ©classification jugĂ©e opportunĂ©ment nĂ©cessaire aprĂšs des dĂ©cennies de pratiques pourtant diffĂ©rentes 5 »Une journĂ©e destinĂ©e Ă prĂ©senter ce guide et Ă dĂ©battre des disparus de la guerre dâAlgĂ©rie Ă©tait prĂ©vue le 27 mars 2020 sous lâĂ©gide du ministĂšre de la Culture et des Archives nationales. Elle a dĂ» ĂȘtre reportĂ©e en raison du contexte sanitaire. Et elle sâest transformĂ©e en une rencontre en visioconfĂ©rence, le 4 dĂ©cembre 2020, placĂ©e cette fois sous lâĂ©gide du le service gouvernemental du SIAF Service interministĂ©riel des archives de France qui doit lâorganiser. Notons cependant que son sous-directeur, Jean-Charles BĂ©dague, qui en a aussitĂŽt, comme lâexige sa fonction, exposĂ© le contenu aux archivistes, a ajoutĂ© que le recours dĂ©posĂ© par un collectif dâhistoriens, dâarchivistes et de juristes auprĂšs du Conseil dâĂtat pourrait changer la donne⊠6. Ont disparu de son programme les logos du ministĂšre de la Culture, des Archives nationales et autres centres dâarchives publiques, ainsi que celui de la Mairie de Paris, qui figuraient sur le prĂ©cĂ©dent. Et le programme de cette journĂ©e ne figure pas Ă ce jour sur le site des Archives et historiens sâexprimeront nĂ©anmoinsCertains des intervenants inscrits au programme de cette rencontre vont dire leur opposition Ă ces entraves, contraires Ă la loi, dressĂ©es Ă la consultation des archives et affirmer leur soutien aux recours dĂ©posĂ©s devant la Conseil dâEtat. Bien que les temps de dĂ©bats aient Ă©tĂ© rĂ©duits Ă la portion congrue trois fois un quart dâheure sur lâensemble de la journĂ©e, les personnes inscrites Ă cette rencontre pourront sâexprimer Ă ce sujet, au moins par Ă©crit via la fonction converser » de la visioconfĂ©rence.Inscription obligatoire insuffisances du guide seront pointĂ©es. Des usagers des archives auront prĂ©parĂ© leurs questions. Certains demanderont ce que ces manĆuvres administratives qui empĂȘchent lâapplication de la loi essayent de dissimuler. Lâouverture de lâensemble des archives de la guerre dâAlgĂ©rie sera demandĂ©e, puisque la loi dispose que les archives de plus de 50 ans, câest-Ă -dire antĂ©rieures Ă 1970, sont consultables de plein droit » Ă tous ceux qui veulent connaitre des documents qui appartiennent aux archives de la leur ouverture gĂ©nĂ©rale - puisque les traces des disparitions forcĂ©es de cette guerre, quand elles existent, sont dispersĂ©es dans de multiples fonds - permettra, dans la mesure du possible, parmi dâautres disparitions, de documenter celles des nombreux civils algĂ©riens qui en ont Ă©tĂ© victimes lors de la Bataille dâAlger » mais aussi tout au long de la le souhait Ă©mis par le prĂ©sident de la RĂ©publique le 13 septembre 2018 lors de sa visite Ă Josette SOUTENIR LE RECOURS DEPOSE SIGNER ET FAIRE CIRCULER LA PETITION qui a dĂ©passĂ© en quelques mois plus de dix-sept mille signaturesLe lien vers le compte Twitter Archives ça dĂ©bloque ! » du collectif qui a lancĂ© cette pĂ©titionLe programme de la rencontre en visioconfĂ©rence du 4 dĂ©cembre1 ConfĂ©rence de presse, le 2 octobre 2020, aux Mureaux, de Ă Voir lâenregistrement de la cĂ©rĂ©monie. LâĂ©change se trouve Ă 1h26 et 20 sec, le son est difficilement audible mais Emmanuel Macron y Ă©voque de toute Ă©vidence la question des archives classifiĂ©es et termine en disant Il faut changer un texte ». â Jean-NoĂ«l Jeanneney un texte qui contredit une loi, câest Ă©trange⊠» Et on a lâimpression quâĂ la fin, lâamiral Rolland Ă©voque une proposition qui va rĂ©concilier⊠». Lâamiral Rolland est le chef de lâĂ©tat-major particulier du prĂ©sident de la RĂ©publique depuis le 1á”Êł aoĂ»t 2020.3 InterrogĂ©e Ă ce sujet le 2 novembre sur LCI, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a pris ses distances avec les dĂ©clarations du chef du gouvernement Je ne vais pas commenter cette phrase. Je me rĂ©fĂšre Ă la phrase quâa eue Emmanuel Macron sur la colonisation, et que je partage ».4 En janvier 2020, lorsque le Service historique de la dĂ©fense a commencĂ© Ă appliquer lâIGI-1300, seuls les documents postĂ©rieurs Ă 1940 devaient ĂȘtre dĂ©classifiĂ©s » avant communication.5 RaphaĂ«lle Branche, Un guide sur les disparus de la guerre dâAlgĂ©rie dans les archives publiques françaises », 20 & 21. Revue dâhistoire, 2020/3, n° 147, pages 138-139.6 Le message de Jean-Charles BĂ©dague, sous-directeur de la communication et de la valorisation des archives au Service interministĂ©riel des Archives de France, publiĂ© le 16 novembre sur la liste de diffusion du SIAF, mentionne Ă la fin La publication de cette nouvelle IGI 1300 intervient alors quâun collectif dâhistoriens, dâarchivistes et de juristes vient de dĂ©poser un recours auprĂšs du Conseil dâĂtat visant Ă abroger les dispositions de ce texte considĂ©rĂ©es par eux comme illĂ©gales en ce quâelles violent la loi, en lâoccurrence les dispositions des articles L. 213-1 et L. 213-2 du code du patrimoine. LâarrĂȘt qui sera rendu par la plus haute juridiction administrative ne manquera pas de nourrir la lecture qui doit ĂȘtre faite de lâarticulation des textes encadrant le secret de la dĂ©fense nationale. »LeprĂ©sident de la RĂ©publique a reconnu la responsabilitĂ© de la France dans l'abandon des harkis. En revanche, l'AlgĂ©rie refuse d'ouvrir ses archives et occulte les massacres qui ont suivi la